mercredi 10 décembre 2014

LETTRE OUVERTE DE MONSIEUR Garcin Malsa,



Conseiller général.
Président du Mouvement International pour les réparations.
Président du Comité National pour les Réparations.


Monsieur le Député, 

L’information nous est parvenue, en pleine journée du Drapeau Rouge, Vert, Noir, ce samedi 6 décembre date d’anniversaire de la mort de Frantz Fanon dont les réflexions et actions nous ont beaucoup inspirées dans l’exigence de Réparations liées à l’extermination amérindienne, à l’esclavage et à la Traite transatlantique reconnus comme crimes contre l'humanité. 
Quelle est donc cette annonce qui me vaut cette interpellation auprès de vous !« La France a accepté d’indemniser les juifs qui ont été déportés entre 1942 et 1944 par la SNCF réquisitionnée par le régime nazi… » Cette indemnisation ira aux juifs encore vivants, aux descendants ou conjoints de ceux déjà décédés. Il s’agit bien sûr de aréparations liées à la shoah.
Monsieur le Député, dans la tradition chez nous, on dit que « les ancêtres n’abandonnent jamais leurs enfants qui se battent pour faire respecter leur mémoire. Ils leur accordent toujours patience et courage pour éclairer les voies aux générations futures.

Sommes-nous en train de vivre ces propos au MIR ou au CNR ? En tous cas l’avenir nous le dira !

Après une telle décision comment l’Etat Français pourra continuer de nous répéter qu’il ne pourra pas réparer, s’agissant des crimes reconnus contre l’humanité par la loi TAUBIRA que le Parlement Français a votée en 2001 – Quels arguments, quelles parades politiciennes pourraient nous sortir Mr François HOLLANDE ou Mr WALLS pour justifier leur refus d’ouvrir le dossier des Réparations liées à ces crimes nous concernant.

Serait donc irrationnel et incohérent tout comportement, tout propos de ces dirigeants qui écarteraient de leurs programmes les demandes de réparation que nous avons longtemps formulées.

Tout refus d’ouvrir ce dossier signifierait que les représentants français continuent de hiérarchiser les crimes contre l’humanité et Pire ! Cela démontrerait ainsi qu’ils persistent dans la croyance que les afro-descendants et par extension les colonisés ne sont pas en mesures de répondre aux critères d’humanité institués par l’occident.

Justement, Monsieur le Député, c’est bien le respect de notre humanité comme question essentielle que nous posons à travers la problématique des réparations.

Certes, toute réparation est indéniablement accompagnée de règlements financiers envers ceux qui ont subi des dommages. Dans le cas des crimes commis pendant des siècles sur nos ancêtres, il doit y avoir des règlements financiers.

D’ailleurs, si notre humanité avait été prise en compte dès l’abolition de l’esclavage au lieu d’accepter des modalités d’indemnisation des colons (démarche autant abominable qu’incompréhensible), nous n’en serions pas là. C’est bien aux esclaves libérés et aux descendants des victimes disparues que les Etats et les esclavagistes devaient appliquer une telle démarche.

Il est donc clair que la chosification et la deshumanisation se confondaient à l’époque comme elles se confondent encore de nos jours dès lors qu’il s’agit d’africains et d’afro -descendants. La reconnaissance de tout crime contre l’humanité intègre que l’humanité des victimes soit retrouvée et respectée de tous et que les coupables soient obligés débourser pour aider les victimes à exercer leur pleine humanité.

Monsieur le Député, j’ai souvent entendu de la bouche de certains opportunistes apeurés que la reconnaissance du crime valait réparation parce que celle-ci avait été en quelque sorte réalisée du fait que la Martinique (comme la Guadeloupe et la Guyane) bénéficie des même lois que toutes les régions et tous les départements – Quelle honteuse et malsaine confusion ! Comme si on aurait refusé d’indemniser les juifs par les puissances allemandes et françaises du seul fait qu’on leur a donné un Etat en Palestine (décision discutable, contestable qui a entrainé la situation actuelle en Palestine).

J’ai encore entendu d’autres personnes, partisans timides des réparations un peu gênés déclarer que l’Etat n’avait pas d’argent pour réparer financièrement. Hélas ! ce même Etat déclaré en faillite va donc s’organiser pour réparer les juifs déportés par la SNCF comme il s’était arrangé pour trouver des finances pour aider les banques en difficulté pendant la crise financière déclenché en 2008.

Monsieur le Député, il existe un vieil adage chez nous qui dit Sa Ki Bon Pou Zwa, bon pour Kanna ». Essayez de lui donner tout son sens et de ne pas chercher d’exception pour ce qui est des réparations qui découlent des crimes contre l’humanité reconnues par la loi TAUBIRA.

Monsieur le Député, la substitution de l’Etat français à la SNCF dans un dossier où cette dernière était attaquée par les plaignants juifs est la conséquence de deux facteurs :
D’abord d’un lobby juif frappant de façon unitaire et ce, dans toutes les instances politiques administratives, et de la société civile.

Ensuite de l’installation de clauses économiques de blocage à l’encontre de la SNCF et alliées qui souhaiteraient répondre à des appels d’offre concernant de très gros travaux et investissements à exécuter sur le territoire des Etats-Unis.

En vous inspirant de cette démarche vous pouvez agir efficacement sur le Gouvernement Français pour lui demander d’ouvrir ce dossier de réparation.

La Caricom et d’autres Etats américains et africains peuvent vous aider dans la mesure où ils ont inclus les réparations au centre de leurs programmes.

Après tous ces apports le courage politique, le dépassement de soi et l’estime de soi, vous seront nécessaires pour rompre avec les préjugés sur cette question de réparations et la faire avancer avec le MIR et le CNR.

C’est avec fierté que ces deux organisations aimeraient entendre votre assentiment sur la problématique des réparations liées aux crimes contre l’humanité reconnus par la loi TAUBIRA de 2001, avant même que la Parlement français valide la décision de ce même Etat sur les indemnisations des Juifs déportés par la SNCF.

Veuillez agréer, Monsieur le Député, l’assurance de mes sentiments distinguées. 

Garcin MALSA

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