dimanche 14 avril 2013

Intervention du député Alfred MARIE-JEANNE au Parlement le 10 avril 2013


Monsieur le président,
Monsieur le ministre,
Mes chers collègues,

La prorogation envisagée jusqu'au 31 décembre 2013 du régime social baptisé « bonus exceptionnel outre-mer » semble faire consensus. J'y souscris également.

Cependant, ce qui me paraît exceptionnel, c'est l'année 2009, une année de mobilisation à nulle autre pareille des peuples de Guadeloupe, de Guyane, de Martinique et de La Réunion.

Si bonus il y a, il n'est pas en tout cas une manne tombée du ciel. C'est plutôt la résultante d'un certain nombre de revendications essentielles cristallisées autour de la vie chère, des conditions de travail, du chômage et de l'attitude provocatrice notoirement affichée de certains patrons d'entreprises. On a frôlé l'embrasement.

Et là, en dehors de l'État, il faut aussi rendre un hommage signalé aux élus, quand bien même il faut déplorer l'utilisation par certains d'entre eux d'une surenchère démagogique peu appropriée à la gravité de la situation.

Cela étant dit, sans les politiques, il n'y aurait pas eu d'accords de sortie de grève. En Guadeloupe, c'est l'accord Jacques Bino, nom de celui qui fut tué par une arme à feu lors des manifestations.

À La Réunion, c'est le COSPAR, collectif des organisations syndicales, politiques et associatives réunionnaises. En Martinique, c'est le K5F, collectif du 5 février. Ce rappel n'est pas superflu. Il démontre la symbiose entre toutes les parties pour trouver une solution, ou une sortie honorable à la crise.

À l'époque, le conseil régional de Martinique a fait voter à l'unanimité une dotation rondelette de 17 846 640 euros. Quant au conseil général, sa participation a été de 4 900 000 euros. Je vous laisse juger vous-mêmes de l'effort qui a été réalisé par ces collectivités.

Aujourd'hui, il est fait amplement référence à la loi sur le développement des outre-mer, la LODEOM. L'article 3 de cette loi du 27 mai 2009 reprend les accords signés, reconnaissant par là même de façon implicite le fait syndical martiniquais et guadeloupéen.

La LODEOM se situe donc dans la suite logique des événements qui se sont déroulés. Nécessité a fait loi. Et ce n'est pas le ministre qui pourra dire le contraire puisqu'il était, comme moi, dans la mêlée.

Ce qu'il faut retenir, c'est qu'au moment même où nous nous exprimons, toutes les études, tous les rapports, toutes les enquêtes, toutes les missions, toutes les statistiques aboutissent aux mêmes conclusions : le chômage continue de flamber. En Martinique, aux dernières nouvelles, le nombre de chômeurs avoisine les 52 000.

Et ce sont les jeunes qui sont toujours les plus touchés. 52 000 sur une population d'à peine 400 000 habitants : faites le rapport vous-mêmes ! Et on va me dire que la situation s'améliore, alors qu'elle s'aggrave.

La violence s'accroît de façon inquiétante. Le vieillissement de la population s'accélère. Il atteindra tous les records dans deux à trois décennies.

Tous les rapports le disent. Chaque jour qui passe voit augmenter le "biyé lanterman", c'est-à-dire les avis d'obsèques des entreprises liquidées.

Monsieur le ministre, vous rappelez, pour la circonstance, toute une panoplie de mesures.

Permettez que j'en cite quelques-unes : l'observatoire des prix, le bouclier qualité-prix, la priorité au recrutement sur place à compétences égales, l'instauration de davantage de concurrence, la coopération avec les pays riverains tant décriée jusqu'alors – je suis bien placé pour le dire puisqu'on m'a intenté un procès –, la lutte contre les monopoles et l'économie de rente.

C'est un pari que vous prenez. Je doute du plein rendement immédiat de ces mesures. Car un pari reste un pari, par ces temps ô combien incertains et imprévisibles.

En conclusion, il manque à ce programme un atout déterminant, celui de la responsabilité martiniquaise, responsabilité pour laquelle je continue d'oeuvrer.

Le 10 avril 2013

Alfred MARIE-JEANNE

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