dimanche 11 mars 2012

Caroussel



Un après-midi fou que celui du jeudi 9 mars 2012 !

Quelques déclarations à l'emporte-pièce de quelques parlementaires nullement soucieux des conséquences de leurs paroles, et ce fut presque la panique.
Je dis bien presque la panique, car pour ceux qui connaissent bien l'éternelle comédie qui se joue chez nous, il y avait tout lieu de penser qu'il ne se passait en fait rien.

Mais que d'envolées lyriques en ce moment sur les ondes de nos stations de radio ! Un commentateur très connu a même fait passer la Desssalinienne en annonçant, la voix cassée par l'émotion, qu'il était disposé à mourir derrière son micro pour être fidèle à sa mission. L'amiral Killick n'était pas loin ! Au théâtre, on n'aurait pas fait mieux.

Il y a eu aussi l'intervention des sénateurs à la radio. Ceux qui ont démissionné de la commission sénatoriale qui enquête sur la nationalité du chef de l'État et ceux qui y sont restés. Partisans contre opposants au chef de l'État ! La prestation sur les ondes de certains parlementaires à ce moment m'a donné l'impression d'être dans un film d'épouvante. Qu'un pays ait de tels parlementaires, il y a de quoi s'arracher les cheveux ! Et dire que c'est l'exécutif à un certain moment qui a oeuvré pour que ces énergumènes nous représentent !

Le président Martelly, en supervedette comme il l'a toujours été, a bien effectué son show. Il a cependant continué à démontrer son mépris du Parlement. Malheureusement, ces parlementaires que nous avons n'ont ni la volonté ni les moyens intellectuels et émotionnels nécessaires pour faire le travail que la nation haïtienne est en droit d'attendre d'eux. À moins d'un revirement de la situation, l'exécutif risque de vassaliser le Parlement. Jusqu'à présent, tout au long de notre histoire, cela n'a pas été pour le bien du pays.




J'ai entendu le ministre de l'Intérieur déclarer qu'il y avait plus de sécurité en Haïti que dans les autres pays de la région. Les statistiques, selon lui, le prouvent.
Voici des chiffres qui devraient rassurer touristes et investisseurs potentiels. Sauf que si j'appelle la police en urgence, je risque de ne pas obtenir de services. Ne parlons pas des services médicaux. La sécurité aussi est une affaire de justice. On sait ce que vaut la justice haïtienne.

De toute manière, si nos chiffres en matière de criminalité sont ce qu'ils sont, ce n'est certainement pas à cause de l'État. Cela est dû à des mécanismes de régulation propre à la société haïtienne. Et l'État et nos politiques sont pour beaucoup dans le taux de notre criminalité.

Bref, ce qui est extraordinaire, c'est l'énergie dépensée, des deux côtés, dans cette affaire de la nationalité du chef de l'État. C'est peut-être avec cette même énergie que nous avons fait 1804.

Je comprends bien que cette question soit une affaire de sécurité nationale. Mais il y a aussi tant de dossiers, qui relèvent de la sécurité nationale, qui mériteraient un tel investissement émotionnel et intellectuel. On s'en fout. L'éducation, par exemple, sinon la masse critique intellectuelle en Haïti sera majoritairement toujours au-dessous de la ceinture. L'environnement ! C'est quoi un peuple sans espace physique ? La santé ! Le logement ! La somalisation prévue de ce pays si on n'arrive pas à faire en sorte que l'État soit mieux dirigé.

Comme a déclaré un grand homme de théâtre à un ami, ceux qui se croyaient des comédiens professionnels en Haïti doivent rendre leur tablier. Il y a bien meilleurs qu'eux.

Gary Victor

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