vendredi 30 décembre 2011

Côte d'Ivoire: Soro déclare la guerre au PDCI !


Le député de Ferkéssédougou, Guillaume Kigbafory Soro, ne serait plus trop chaud pour le Perchoir et semble être désormais candidat à sa propre succession à la primature. Surtout avec cette situation de Frci «incontrôlables» à la gâchette facile, le chef de l’ex-rébellion est en passe de conserver son fauteuil, histoire de garantir un assainissement dans les rangs des Frci, majoritairement composés des ex-rebelles sous son autorité.

Il y a des personnes qui estiment qu’une tenue leur va à merveille à telle enseigne qu’elle ne pourrait être assez bien pour une tierce personne. Et le premier ministre Guillaume Soro et son entourage sont de ces personnes-là. Selon eux, la primature doit demeurer l’affaire exclusive du chef de l’ex-rébellion, parce que la Côte d’Ivoire serait loin d’être sortie de l’ornière. Et le seul Ivoirien à même de faire face à cette situation post-crise est bien l’homme-providence Guillaume Soro.

Et les arguments ne leur manquent pas pour soutenir cette thèse. Alors qu’Alassane Ouattara, au lendemain du 11 avril, avait promis de rétablir la sécurité et de débarrasser Abidjan et les villes de l’intérieur de tous ses combattants en armes en deux mois, huit mois après, on en est à la case départ. Les Frci jouissant d’une impunité tatouée, parce qu’ayant été élevés au titre de sauveurs par le procureur de la République, Simplice Kouadio, ont continué de faire subir toutes sortes d’exactions, de chantage et de persécutions aux populations.

Les événements de Vavoua et de Sikensi (lundi dernier) ont fini par convaincre la communauté nationale et internationale que les éléments des Frci, majoritairement des ex-rebelles constituent un véritable problème pour le régime Ouattara. Parce qu’indisciplinés, insubordonnés et complètement déconnectés des réalités d’une armée régulière.

Primature coûte que coûte

Curieusement, cette succession d’incidents gravissimes surviennent après les législatives et au moment où il est de plus en plus question d’un nouveau gouvernement. Et surtout, du respect de la promesse d’attribuer la primature au Pdci de Bédié. C’est en ce moment là que l’entourage de Guillaume Soro mène une offensive pour justifier une éventuelle prolongation de leur mentor à la primature.

Motif invoqué, il est le seul à même de maitriser la situation encore fragile. Bizarre tout de même, puisque c’est un remake de sa primature sous Gbagbo, où Soro a rusé jusqu’à ne point atteindre le désarmement de ses forces, pour se maintenir à la primature. Aujourd’hui encore, même scénario, l’encasernement est loin de s’être effectué dans les normes souhaitées, encore moins un début de désarmement des combattants, supplétifs des Frci et autres milices du régime, comme les dozos. Un de ses conseillers, de surcroit son jeune frère, Alphonse Soro, est à fond dans la campagne pour le maintien de son aîné à la primature.

Extrait de son plaidoyer : «Il faut qu'on soit réaliste. Premièrement, lorsque vous prenez la situation sécuritaire du pays, qui est mieux placé pour la gérer ? Deuxièmement, qui peut suivre et achever le processus de réinsertion pour permettre à ceux qui veulent être démobilisés de l’être et ceux qui veulent embrasser une carrière militaire de le faire… On peut prendre quelqu’un d’autre. Mais on aura un Premier ministre « flêkê-flêkê ». Dans ce cas, il faut s’attendre à payer les pots cassés. Il s’agit d’installer un système, de sécuriser un régime et de créer les conditions pour qu’il perdure afin de permettre au président de la République qui a bien commencer de continuer à travailler pour le bonheur des populations». Pour l’entourage de Soro et pour le concerné lui-même, il n’y a pas meilleur cheval que lui pour diriger la primature.
Intriguant tout de même. Si Soro est l’homme providence, combien d’années lui faut-il encore à la tête du gouvernement pour arriver à une Côte d’Ivoire normale. Il aura fait quasiment 5 ans à la primature, sans que ses ex-rebelles n’aient été désarmés ni réinsérés convenablement.

Même au sein de la rébellion qu’il dirigeait, l’indiscipline a toujours été de mise. On en veut pour preuve l’impunité dont jouissent les braqueurs des agences de la BCEAO en zones Cno, et les guerres intestines suivies de mort d’hommes et le racket caractérisé, au moment où, curieusement, la primature de Soro pilotait l’opération d’unicité de caisse de l’Etat, annoncée à grand renfort de publicité. Résultat des courses, les anciens rebelles ont continué de garder par devers eux les recettes de l’Etat jusqu’à ce jour. Soro gagnerait donc à se trouver une autre occupation, parce que les arguments sécuritaires ne tiennent plus la route. A moins qu’il accepte d’être ministre de la Défense, pour mieux juguler les problèmes qu’il brandit pour «subtiliser» la Primature au PDCI-RDA, le dindon de la farce.

Soro au Pdci d’Henri Konan Bédié : « Un parti, c’est pas pour revendiquer la primature »


Les observateurs de la scène politique ivoirienne tablaient sur un retrait de Soro Guillaume au perchoir de l’assemblée nationale, à l’issue du scrutin législatif du 11 décembre 2011. Mais ce poste, le chef de la rébellion armée qui a défiguré la Côte d’Ivoire pendant toute une décennie n’en veut apparemment pas. Alors, pas du tout. A l’analyse, c’est cela qui justifie la montée fulgurante de l’insécurité ces derniers temps. Pour lui, s’il quitte la primature dans le contexte actuel, le pays court un grave danger sécuritaire. Ce chantage honteux, Soro Alphonse, le jeune frère et conseiller de l’autre, par ailleurs député RDR, a le mérite de le porter sur la place publique. A travers une interview accordée au confrère Le Patriote.

Si ses propos dévoilent son manque de culture démocratique, il faut reconnaitre à cet autre Soro le mérite de dire tout haut ce qui se trame dans les officines du RDR, particulièrement au cabinet du premier ministre. Ce ne sont pas ses dénégations qui changeront quelque chose, il est bel et bien dans le rôle du porte-parole occulte qu’il a toujours été pour son ainé qui tient le pays en otage depuis la nuit du 18 au 19 septembre 2002. Pour Soro Alphonse, c’est Soro Guillaume et lui seul qui peut gérer aujourd’hui la primature ; «à moins qu’on ne (lui) souhaite la Charybide-en-Scylla !» «On peut prendre quelqu’un d’autre (à sa place). Mais on aura un premier ministre ‘’flêkê flêkê’’. Dans ce cas, il faut s’attendre à payer les pots cassés», prévient le membre des forces nouvelles et député RDR. Au PDCI, doit-on comprendre, il n’y a pas de cadres compétents pour occuper valablement la primature et mettre le pays à l’abri d’un putsch. Ainsi, la sortie du désormais député RDR/Forces nouvelles est un message clair au PDCI d’Henri Konan Bédié auquel le candidat Alassane Ouattara avait promis la primature lors du deuxième tour de la présidentielle.

S’ils prennent le soin de décoder ce message, les dirigeants du parti sexagénaire avec à leur tête le président Bédié devraient normalement savoir à quoi s’en tenir. «Démocrate» et certainement «politologue» lui également, Soro Alphonse leur montre la voie dans tous les cas : «On est dans un processus qui évolue et les conditions se créent au fur et à mesure. Que le Pdci sache que le faiseur de roi n’est pas le roi. Il faut qu’au PDCI, on intègre cela. Le président de la république, c’est Alassane Ouattara. On ne crée pas un parti politique pour revendiquer la primature. On crée un parti pour diriger un pays en conquérant le poste de président de la République».

Et de continuer : «Le PDCI doit tirer les leçons de ses échecs successifs. Ils ont perdu l’élection présidentielle. Ils viennent de perdre les législatives. Ce sont des messages clairs. Car s’ils n’y prennent garde, ils perdront plus aux élections municipales qui arrivent». Bédié et ses partisans gagneraient, continue-t-il, à «engager la réflexion sur leur appareil pour trouver des solutions à cette cascades d’échecs». Le temps des querelles de postes est dépassé, enseigne-t-il, et le Pdci doit cesser ses récriminations contre Ouattara et le RDR. «C’est vraiment dommage, d’autant plus que cela vient d’un parti comme le PDCI», peste Soro… Alphonse.

Gérard Koné / Emmanuel Akani in Le nouveau courrier

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