vendredi 17 juin 2011

Réflexion sur la reconstruction d’Haïti




Qui dit reconstruire un pays dit projet de société. La reconstruction d’Haïti est à la base d’un projet de société dans lequel la réforme des institutions de l’Etat, la formation civique du citoyen, un plan bien structuré d’un développement propre à Haïti doivent être au centre des débats.

Haïti peut-elle se reconstruire au regard du constat “comment les choses se font actuellement dans le pays?” Réponse formelle non. De même qu’on ne reconstruit pas une maison sur la fondation fragile et désuète qui n’a pas supporté l’ancienne structure; on ne reconstruit pas un pays comme Haïti sur la même structure vieille de deux cent ans qui n’a fait que reproduire depuis deux siècles des hommes politiques échoués, corrompus, issus de gouvernements croupions et arrivés au pouvoir à partir des coups d’Etat ou de basses manœuvres frauduleuses fruit des élections truquées et achetées. On ne reconstruit pas un pays avec une élite économique arrogante, anti-nationaliste, non ouverte à la concurrence et faisant toute sa fortune dans la contrebande et le non paiement des taxes. On ne reconstruit pas un pays avec une classe moyenne sans conviction prête à vendre sa conscience à l’élite politique et économique dans le projet audacieux de maintenir le statu quo. On ne reconstruit pas non plus un pays avec un peuple analphabète, non éduqué, non conscientisé et incapable de faire le bon choix sur son avenir.

La reconstruction d’un pays à un prix. La question est: Est-ce que la société haïtienne est prête à payer ce prix avec le bénéfice de laisser pour la génération future une nouvelle Haïti faite de justice sociale et d’égalité pour tous. Un pays démocratique où les droits inhérents à la personne humaine sont respectés: droit à la vie, à la santé, à la nourriture, au travail, au logement, à l’éducation, à la sécurité, à la liberté d’expression. Un pays normal où chaque Haïtien peut se sentir fier de déclarer son identité et décider à effacer son nom dans la liste de citoyens du pays le plus pauvre, le plus corrompu, le plus dysfonctionnel de la planète.
Le prix de la reconstruction d’Haïti demande l’éveille d’une conscience citoyenne. On n’arrivera jamais à reconstruire le pays si chaque citoyen haïtien n’accepte pas à contribuer à la naissance de la nouvelle société. A faire des sacrifices. A respecter ses droits et ses devoirs. Bref à être un patriote. 

La solution des problèmes de nourriture, de logement, d’infrastructures, de sécurité, de travail, peut-être retrouvée dans l’espace d’une décennie. Le véritable problème à résoudre et qui est la réponse de tous les défis mentionnés plus haut c’est comment conscientiser l’homme haïtien pour ouvrir son cœur au changement et au développement. Le sous-développement d’Haïti nous disons et répétons est lié simplement à notre mentalité bornée, esclave de “jan-l ye li ye” et incapable à prendre notre destin en main. ( A Suivre)

Jean Senat Fleury

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