lundi 27 juin 2011

Martelly doit tirer leçon de la réalité politique


Nombreux sont ceux qui pensent que le président de la République n'avait pas assez fait pour assurer la ratification du choix de Daniel Gérard Rouzier, son Premier ministre désigné. Pour le sénateur Jean-Hector Anacacis, Michel Martelly n'a pas d'autre choix que de négocier avec les parlementaires. L'ambassadeur de France à Port-au-Prince, Didier Le Bret, voit dans ce rejet le jeu de la démocratie, tout en appelant les concernés à tirer leçon de cet exercice. Même position pour Edgard Leblanc Fils, responsable de l'Alternative.

Avec le rejet de Daniel Gérard Rouzier, Michel Martelly a essuyé son premier échec et doit tirer la leçon de ce qui s'est passé, de l'avis de plus d'un. Pour l'ambassadeur de France à Port-au-Prince, ce vote de la Chambre des députés fait partie du jeu de la démocratie. Didier Le Bret estime que le chef de l'Etat devrait désigner un autre chef de gouvernement. Selon lui, des leçons doivent étre tirées de cet exercice. 

De son côté, le vice-président du Sénat croit que M. Martelly n'a d'autre choix que de négocier avec la majorité de l'INITE au Parlement, s'il veut arriver à mettre sur pied son gouvernement. « M. Martelly doit comprendre qu'il n'est pas dans une compétition de groupes musicaux. Il s'agit de la politique; il doit y avoir des compromis et de l'entente », a martelé le sénateur Jean-Hector Anacacis sur les ondes de Radio Magik 9 ce mercredi. 

« Ce vote ne me surprend pas. Je l'avais dit. Car, la façon dont le président Martelly gérait l'affaire, cela était prévisible. Le choix de Daniel Gérard Rouzier n'avait pas fait l'unanimité dans l'équipe du président. Il y avait des désaccords sur sa désignation », a-t-il expliqué. Pour le parlementaire, la politique est un jeu de compromis. Il faut aller à la recherche de la majorité lorsqu'on ne l'a pas au Parlement. 

« Dans les prochains six mois, M. Martelly est condamné à fonctionner avec la majorité de l'INITE », a-t-il dit.

Selon Anacacis, M. Rouzier a décidé de négocier avec la minorité au Parlement aux dépens de la majorité de INITE. C'est ce qui a conduit à sa perte. Sa plus grande erreur, c'est de s'attaquer à la Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti (CIRH). « Bill Clinton est incontournable », disait-il à qui veut l'entendre. 

« Daniel Gérard Rouzier est victime de sa méconnaissance de la réalité du pays. Il est pris au piège. Michel Martelly ne l'a jamais voulu comme son chef de gouvernement. Sinon, il n'aurait pas laissé le pays le jour même où la Chambre des députés devait se prononcer sur son cas. Sa visite médicale à Miami aurait pu attendre. Il n'était pas son vrai choix », selon les réflexions du sénateur. 

Par ailleurs, l'intervention dans la presse du chef de cabinet de M. Martelly, Thierry Mayard Paul, disant que l'Exécutif ne va rien négocier du tout et que la négociation est un terme impropre, n'a pas joué en faveur du Premier ministre désigné. Au contraire, il a contribué à endurcir la position des députés, selon Anacacis.

« Le président Martelly ne doit pas dire à la population qu'il est bloqué par le Parlement. Comme lui, les parlementaires ont été élus par le peuple. Ils ont une responsabilité partagée », a fait savoir le vice-président du Sénat.

Pour l'ancien sénateur Edgard Leblanc Fils, responsable de la plateforme politique Alternative, le vote de la Chambre des députés prouve un très faible appui à Daniel Gérard Rouzier. Lui aussi croit que les interventions de Thierry Mayard Paul n'ont pas du tout facilité les choses à Daniel Gérard Rouzier. 

« Le président doit tirer des leçons de ce vote pour ne pas essuyer un autre échec de ce genre », a-t-il avancé, tout en appelant les différentes parties en litige à prioriser le chemin du dialogue et de la négociation. 

Pour sa part, la mission de l'ONU en Haïti encourage vivement les pouvoirs constitués de l'Etat à tout mettre en oeuvre afin de doter le pays, sans plus tarder, d'un gouvernement qui, de concert avec le Parlement, les acteurs de la classe politique, la société civile et les partenaires internationaux, pourra lancer les grands axes de la stratégie présidentielle pour l'éducation, l'emploi, l'Etat de droit, et l'environnement. 

« Chaque jour qui passe repousse davantage l'ancrage de la nouvelle dynamique politique constructive réclamée par les citoyens par la voie des urnes. Il ne fait aucun doute que tous les Haïtiens sont unis dans leur volonté de voir les grands chantiers à venir, y compris ceux relatifs à l'amélioration de leurs conditions de vie, avancer le plus rapidement possible », lit-on dans un communiqué de la MINUSTAH en date du 22 juin 2011.

En consultation avec les présidents des deux branches du Parlement- tous deux membres de l'INITE- le président Martelly doit désigner un autre Premier ministre, puisque Daniel Gérard Rouzier a été lamentablement rejeté par la Chambre des députés avec 19 voix pour, 42 contre et 3 abstentions.

Après cet échec, l'homme d'affaires Daniel Gérard Rouzier a fait savoir à l'AFP qu'il va reprendre ses activités antérieures. « J'étais prêt à servir mon pays, mais je réalise que je ne réponds pas au profil politique que certains recherchaient. Alors je continuerai à faire ce que je faisais auparavant », a avancé le PDG de la Sun Auto et de E-Power.

Robenson Geffrard

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