mercredi 15 juin 2011

Le RNDDH met Michel Martelly en garde contre la présence « dans son service de sécurité » d’éléments à « moralité douteuse »


Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) a lancé une mise en garde au nouveau chef de l’Etat, Michel Joseph Martelly, contre des ex-policiers « à moralité douteuse » figurant dans son entourage et dans son service de sécurité et qui chercheraient à réintégrer la Police Nationale d’Haïti (PNH) en violation des règlements régissant l’institution.
« Il pèse sur les concernés de sérieux doutes quant à leur implication présumée dans le trafic illicite de stupéfiants, la violation des droits humains et autres actes répréhensibles », a souligné le RNDDH dans une lettre adressée le 9 juin dernier au président de la République, dont Radio Kiskeya a pu prendre connaissance de la teneur.
Des ex-commissaires de police et cadres de la PNH, tels que Carel Alexandre, Noël Goodwork, Jacky Nau, Gilbert Dragon et Will Dimanche sont cités dans la correspondance.
L’organisme de défense des droits humains rappelle, en justification à ses inquiétudes, la perquisition judiciaire opérée le 9 septembre 1999 dans un hôtel à Plaine du Nord. Au moins trois des ex-policiers cités, plusieurs cadres et agents de la PNH en provenance du département de l’Ouest, ainsi que des ressortissants colombiens et dominicains se trouvaient tous « bizarrement réunis » à l’intérieur de l’établissement, selon le procès-verbal de constat.
Le RNDDH évoque une enquête de l’Inspection Générale de la Police Nationale d’Haïti (IGPNH) selon laquelle, la veille, soit le 8 septembre 1999, une réunion s’est tenue à Pèlerin 6 chez le commissaire de police Guy Philippe à laquelle ont pris part certains des ex-policiers identifiés dans l’entourage de l’actuel chef de l’Etat. Selon l’enquête de police citée par l’organisme de droits humains, il s’agissait d’une réunion de préparation de l’atterrissage, le 10 septembre dans le Nord-Est, d’un avion qui devait provenir de la Colombie avec à son bord 450 kilos de cocaïne. L’enquête de l’IGPNH, corroborée par la suite par la Drug Enforcement Agency (DEA) des Etats-Unis, devait donner lieu à l’exclusion de la PNH de plusieurs des policiers concernés, selon le RNDDH.
En 2003, les visas d’entrée aux Etats-Unis de plusieurs personnes, dont un des ex-policiers ciblés dans la lettre transmise à M. Martelly, ont été supprimés pour implication présumée dans le trafic de la drogue. Le RNDDH réfère au Nouvelliste du 31 janvier au 2 février 2003 au sujet de la liste des personnes touchées alors par la disposition.
Le cas d’un autre des ex-policiers concernés est évoqué dans la correspondance au chef de l’Etat. Il a été plusieurs fois renvoyé de l’institution policière pour divers manquements aux règlements. Il l’a tout aussi bien réintégrée à maintes reprises. Il ferait actuellement l’objet d’une enquête policière pour son implication présumée dans le dossier de l’assassinat de Manoucheka Louis-Jean Brice, épouse de l’ex-directeur départemental de l’Ouest de la PNH, Ralph Stanley Jean Brice.
En conclusion de sa lettre au chef de l’Etat, le RNDDH fait état de la grave violation du Manuel du personnel de la PNH (6 février 1996) et du retour aux anciennes pratiques de politisation, de vassalisation de la police et de clientélisme que représenterait l’éventuelle réintégration des ex-policiers en question au sein de l’institution. Un des alinéas de l’article 7 dudit manuel stipule que le policier à réintégrer ne devrait pas avoir passé plus de 5 ans hors de l’institution.
En référence à la volonté de changement et à l’attachement à la démocratie que prône M. Martelly, et pour que la police soit effectivement au service d’une telle cause, le RNDDH demande en conclusion au chef de l’Etat de prendre en compte la certification de la police effectuée en 2006 avec le concours de la communauté internationale et dont les recommandations, non suivies, concernaient des policiers impliqués dans divers dossiers. 

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