vendredi 17 juin 2011

HALTE A LA MORTELLE SERVILITE DES POTENTATS AFRICAINS


Il y a longtemps que les Africains en général et les Sénégalais en particulier sont habitués à entendre Abdoulaye Wade dire, puis se dédire, avant de se contredire, publiquement et sans aucune gêne! C’est pourquoi sa dernière et spectaculaire volte- face diplomatique, véritable renversement d’alliance stratégique d’un “panafricaniste libéral” autoproclamé, qui se démarque ouvertement de la position de l’Union Africaine (UA) sur la Libye pour s’aligner servilement derrière l’agression sanglante de l’Occident impérial, n’aura surpris que les non Africains inattentifs.

Mais le scandale de cette guerre non déclarée, menée par l’OTAN avec la caution de l’ONU sous le prétexte fallacieux de “protection des civils”, alors qu’elle vise en réalité à destituer sinon à tuer le chef de l’Etat libyen, réside plutôt dans l’incapacité du Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA à s’y opposer efficacement, plus d’un demi-siècle après les prétendues indépendances…

Autant la nature prédatrice et agressive des anciens esclavagistes et colonialistes européens ne saurait changer, autant la servilité et la lâcheté de leurs complices locaux demeurent invariables; seules la résistance et la révolte des peuples contraignant les uns et les autres à jeter le masque pour agir à visage découvert.

La logique machiavélique de l’inconduite politique d’Abdoulaye Wade saute aux yeux. Des séparatistes casamançais au temps de l’opposition dite contributive, à qui il promettait une « indépendance » fictive, aux insurgés libyens de la Cyrénaïque d’aujourd’hui, en passant par les putschistes ivoiriens nordistes de 2002 à 2010 et désormais maîtres d’Abidjan, il a toujours soutenu ouvertement ou secrètement les rebellions armées en Afrique, dès lors que leur cause, bonne ou mauvaise, coïncide avec ses intérêts du moment!

C’est la même logique égocentrique et amorale qui explique ses manœuvres actuelles à l’intérieur du pays, comme ses gesticulations apparemment aberrantes à l’extérieur.
Saisi d’une peur panique de perdre le pouvoir en 2012, du fait non seulement de la contrainte constitutionnelle, mais aussi et surtout de la stratégie électorale unitaire de la coalition Bennoo Siggil Senegaal (BSS), le Président sortant dresse de multiples obstacles à l’expression libre et sincère du suffrage universel (inscriptions des jeunes sur le fichier des électeurs, corruption des chefs de l’administration territoriale, démission forcée du Président de la CENA, nomination suspecte à la tête du Conseil constitutionnel, découpage administratif  autoritaire, meurtre de sang-froid de Malick Ba par un gendarme à Sangalkam, interdiction abusive, de manifestants pacifiques, etc.). De la sorte, il crée de toutes pièces les conditions soit d’un passage en force de son clan familial, soit d’un report du scrutin présidentiel, provoquant dans les deux cas une crise politique majeure, avec risque de confrontation violente menant au chaos.

Quoi qu’il advienne, le coût humain d’un pari aussi dangereux importe peu à Wade, l’essentiel pour lui étant la caution politique et financière de ses maîtres occidentaux, suivie, le cas échéant, de leur soutien sécuritaire et militaire. D’où son alignement honteux derrière la politique africaine de Sarkozy (qui a, au passage, définitivement renié son “Discours du Cap” en annonçant le maintien d’une base militaire française à Abidjan) et cette cour obséquieuse à Obama, ou encore sa relation privilégiée avec les divers potentats françafricains, tous adeptes d’une souveraineté limitée équivalant à une mise sous tutelle étrangère...

Le scandale des cessions massives de terres africaines à des investisseurs institutionnels extra continentaux d’Occident et d’Orient, auquel vient s’ajouter celui du blocage à Paris de la procédure dite des « biens mal acquis » par les Biya, Sassou Nguesso et autres Obiang Nguema, jettent une lumière crue sur l’étroite connivence qui lie voleurs et receleurs, prédateurs, spéculateurs et agresseurs, du Nord comme du Sud, évoquant une association de malfaiteurs transnationaux.                        Cependant, l’humiliation et l’impunité ne sauraient durer indéfiniment, face à la revendication de justice et de paix des peuples africains, épris d’autonomie, de liberté  et d’unité vraies.

Le Secrétariat exécutif (SE) du RND salue en particulier le tournant décisif réussi par les leaders de BSS, lors du séminaire historique du 28 mai 2011, en s’accordant sur la double nécessité d’une période de transition courte et d’une candidature d’unité et de rassemblement, conditions sine qua non pour mettre fin pacifiquement au « système Wade » et opérer les ruptures majeures définies par les Assises Nationales , tant attendues par l’immense majorité de nos compatriotes.

Le SE lance donc un appel pressant à la mobilisation générale de tous et de chacun pour:
-         imposer à Wade une large concertation afin de définir des règles du jeu électoral équitables et consensuelles, seules susceptibles de garantir un scrutin paisible et transparent,
-         exiger le retrait des décrets scélérats portant redécoupage administratif arbitraire et ayant une incidence sur la carte électorale,
-         exiger le respect des dispositions constitutionnelles en vigueur, notamment le droit de vote et donc d’inscription sur le fichier, le droit de manifestation pacifique, l’impossibilité absolue de toute candidature du Président sortant à un troisième mandat, etc.,
-         rassembler, organiser et informer tous les patriotes et démocrates à travers le  pays et dans la diaspora (surtout africaine), pour les inviter à prendre des initiatives de protestation contre les défaillances et les abus du pouvoir dit libéral et à entreprendre des actions démocratiques de masse à caractère résolument non violent.

Le RND invite par ailleurs l’ensemble des authentiques patriotes et démocrates africains  à s’unir et à s’organiser pour mettre en échec les funestes tentatives de recolonisation de notre continent, d’où qu’elles viennent.
Telle est, selon le RND, la voie de l’émancipation collective véritable, contre laquelle aucune force de domination, quelle qu’elle soit, ne peut être victorieuse à terme.

Ku bëreey dàan !
                                        Dakar, le 11/ 06/11

                                Pour le Secrétariat exécutif
                                               Le Secrétaire général du RND
 Dialo Diop

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire