lundi 20 juin 2011

Haiti : Un peuple trop résigné


J’ai passé des années à réfléchir pour comprendre cette mentalité de résignation chez l’Haïtien et finalement déçu de trouver une réponse dans mes recherches j’ai décidé d’écrire cette note afin de réclamer le concours de quelqu’un pour m’expliquer le phénomène. Et dire que j’ai une grande expérience de terrain en Haïti. Pour avoir été juge de paix à l’âge de vingt-trois ans, commissaire du gouvernement à l’âge de vingt-six ans, juge et juge d’instruction à Saint-Marc, à Port-au-Prince , et aux Gonaives en charge des dossiers les plus brûlants – Massacre Raboteau, assassinat Jean Léopold Dominique, de Jean-Marie Vincent, de Mireille Durocher Bertin, responsable du dossier de drogue pour mener une lutte acharnée contre les plus grands criminels (Il me vient en tête le combat que j’ai mené contre le Ministre Gary Lissade, Jacques Kétant et consorts en 2001 …-; responsable de formation tant à l’académie de police qu’à l’école de la magistrature à Port-au-Prince, professeur de français pendant vingt-ans au lycée, professeur de droit pénal et constitutionnel, intervenant dans différentes facultés: école de droit de Saint-Marc, école de droit des Gonaives, école de droit du Cap-Haïtien, académie consulaire et diplomatique, auteur de six ouvrages sur Haïti, et ma plus grande expérience en qualité de militant au changement en 2005-2006, un an avant de laisser Haïti pour résider aux Etats-Unis après avoir donné ma démission dans la Justice, je faisais le tour du pays à faire campagne.

 Je me posais souvent cette question comment un peuple peut-il si résigné dans sa situation. J’ai souvent observé avec tristesse cette foule composée surtout de femmes qui marchent pendant des kilomètres pour prendre part à des réunions de prière dans des locations haut perchées, perdues dans les montagnes. Je me disais:” Est-ce que ces personnes font tout ce voyage dans l’espoir que leurs doléances trouveront plus facilement les oreilles du Bon Dieu.”

En théorie, ces religieux et religieuses peuvent réciter par cœur toutes les prières, mais dans la pratique ils ne sont pas capable d’appliquer les enseignements du Christ dans la bible. En bon prophète et révolutionnaire, Jésus a pris son fouet pour chasser dans la temple de son Père tous les mercenaires qui avaient utilisé cette place pour faire de l’argent “sale”. Je ne critique pas la foi chrétienne de quelqu’un et je ne dis pas non plus que c’est une mauvaise chose de prier. Cependant, on doit reconnaître que notre façon de prier en Haïti parfois tue notre détermination à prendre en main notre destin. Un passage biblique dit :” Aide-toi et le ciel t’aidera.” 

L’Haïtien, je pense, par sa façon de prier, croit que seul au ciel va arriver sa délivrance. Pourtant, il serait bien plus efficace de suivre cet exemple du Christ dans la bible. En face d’une situation inacceptable, il a pris son fouet pour chasser tous les mercenaires, les voleurs, les corrompus qui étaient en train de souiller la maison de son Père. C’est un bon exemple à suivre actuellement en Haïti. On doit prendre un fouet pour chasser tous ces mercenaires, ces voleurs, ces corrompus, qui aujourd’hui sont en train de piller les caisses de l’Etat. Tracer un exemple en châtiant tous les malfrats qui se mettent en croix pour empêcher la reconstruction du pays.

Partager cette opinion avec un confrère haïtien il répondra: “Ou Konnen, pa gen priè ki pa gen amen. La fin du monde pa lwen. Kite yo fè…” C’est ce que nous appelons ici une mentalité de soumission. Avec une attitude pareille, il ne sera jamais possible de reconstruire Haïti. Le grand défi maintenant comment forcer nos Eglises: Catholiques, Protestantes… à enseigner un autre message dans le pays. La vraie parole, celle enseignée par le Christ à la base de justice et égalité pour tous.

(A Suivre)

Jean Senat Fleury

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