mardi 29 décembre 2009

GAZA : 1 AN APRÈS « PLOMB DURCI »

Le 27 décembre 2008, l’armée israélienne lançait l’opération Plomb durci sur la bande de Gaza. Menée en réponse aux tirs de roquettes du Hamas, le conflit avait fait plus de 1400 morts côté palestinien. Le Web commémore le premier anniversaire de cette guerre.
Des activistes palestiniens ont mis en ligne ce photomontage pour rendre hommage aux victimes de ce conflit et appeler les Gazaouis à se relever. Le message : la vie doit continuer.

Mais Gaza est encore un champ de ruine. Dans ce documentaire diffusé en ligne à l’occasion de ce triste anniversaire, une étudiante gazaouie commente la reconstruction qui n’avance guère.



« Nous sommes dans le Nord de la bande de Gaza, et il ne reste plus rien ici. Toutes les maisons ont été détruites pendant la guerre qui a éclaté l’an dernier. Et il n’y en a toujours aucune de reconstruite. »

Le blocus imposé par Israël empêche en effet la reconstruction de Gaza. Des restrictions qu’une ONG israélienne appelle à lever dans ce clip. L’organisation estime en effet que le blocus permet au Hamas de s’enrichir grâce aux taxes prélevées sur les marchandises qui transitent via les tunnels creusés sous la frontière égyptienne.

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samedi 26 décembre 2009

L’Appel des appels Un an après

Décembre 2009

Le malaise en France est bien là, profond, palpable. Misère sociale, crise financière et économique, détresse morale, impasse politique. Le gouvernement navigue entre cynisme et opportunisme. La caporalisation des esprits accompagne la petite musique néolibérale, invitant tout un chacun à la servitude sociale librement consentie de tous. Lorsque le peuple résiste à consentir, on le réquisitionne, on l’opprime, on le licencie, on le « casse », bref le Pouvoir renoue avec les principes premiers de la tyrannie : populisme pour tous et décision d’un seul.

Au nom de « l’efficacité » mesurable érigée en loi suprême, les réformes visent à enserrer les populations dans des dispositifs de contrôle qui les accompagnent du berceau à la tombe. Psychologisation, médicalisation et pédagogisation de l’existence se conjuguent pour fabriquer une « ressource humaine » performante. La sévère discipline d’une concurrence de tous contre tous impose à chacun de faire la preuve à tout instant de sa conformité aux standards de l’employabilité, de la productivité et de la flexibilité. L’idéologie d’une civilisation du profit s’insinue jusque dans les subjectivités convoquées à se vivre comme un « homo economicus&n bsp;», un « capital humain » en constante accumulation. Cette normalisation, à la fois polymorphe et monotone, suppose que tous les métiers qui ont souci de l’humain soient subordonnés d’une manière ou d’une autre aux valeurs de rentabilité et fassent la preuve comptable de leur compatibilité avec le langage des marchés financiers et commerciaux. Convertis en entreprises de coaching psychiatrique, de recyclage psychique, de gestion de l’intime, une trame fine de services d’accompagnement individualisé, forcément bien intentionnés, proposent de nouvelles tutelles sociales et culturelles pour mieux mettre les hommes en consonance immédiate avec les exigences impitoyables des marchés qui nous disciplinent. Cette conversion du service public en contrôle social à la fois souple, constant et généralisé suppose que tous ceux qui concevaient encore leur métier comme une relation, un espace et un temps réservés à des valeurs et à des principes étrangers au pouvoir politique et à l’impératif de profit doivent être eux-mêmes convertis par toute la série de réformes qui s’abat sur la justice, l’hôpital, l’école, la culture, la recherche, le travail social. Contrôler les contrôleurs des populations, normaliser les normalisateurs des subjectivités, c’est la condition indispensable du bouclage des sociétés. Lorsque cela ne suffit pas, c’est à la santé que l’on recourt pour alarmer les populations sans leur donner véritablement les moyens de la préserver : à propos de la pandémie récente des professeurs de médecine parlaient du « management par la panique ».

Comme la quête illimitée de la performance ne cesse de produire ses anormaux, ses exclus, ses inutiles et ses inefficaces, elle engendre un appareil répressif proliférant, à la mesure de la peur sociale et des paniques subjectives qu’elle provoque. L’auto-alimentation de la peur et de la répression paraît sans limites. Elle produit l’espoir suprêmement dangereux pour les libertés d’une société parfaitement sécurisée, dans laquelle serait repérée et éliminée de la naissance jusqu’à la mort la dangerosité de tout individu. L’homme indéfiniment traçable par la surveillance génétique, neuronale et numérique n’est plus une figure de science-fiction, c’est un programme scientifique et politique en plein développement. La société de demain sera animale ou ne sera pas ! N’est-ce pas d’ailleurs ce que dit la « science » sur les résultats de laquelle tous les « tyrans » font cuire leur petite soupe pour justifier leur Pouvoir sans avoir à le soumettre au débat politique : c’est la Nature ou le Marché qui veut ça et on ne peut pas faire autrement que de s’y prendre comme l’on peut. Avec la Neuro-économie d’ailleurs on sait bien que la Nature et le Marché c’est du pareil au même et que le Cerveau fonctionne comme un actionnaire et réciproquement ! Il reste à apporter cette « Bonne Nouvelle » aux populations qui l’ignorent encore et les « corps intermédiaires » sont « réquisitionnés » entre deux pandémies et deux « spectacles » au cours desquels on a pu vendre à Coca-Cola un peu de temps disponible ! Entre les deux scènes le « risque » encore le « risque », vous dis-je, menace l’apathie sereine des populations managées par la peur et distraites par la télécratie.

Magistrats, enseignants, universitaires, médecins, journalistes, écrivains, travailleurs sociaux, acteurs culturels, tous doivent plier devant de nouveaux préfets qui, au nom des « risques » divers et variés, normalisent et évaluent leurs pratiques professionnelles selon des critères idéologiques de contrôle social des populations et de conformisation des individus : nouveaux préfets de santé, les directeurs des Agences Régionales de Santé contrôlent non seulement les établissements hospitaliers, les réseaux sanitaires, mais absorbent également tout le secteur social. Nouveaux inspecteurs d’université, les experts des Agences d’Évaluation (AERES et ANR) visitent les laboratoires et les équipes de recherche pour vérifier qu’en matière de pro duction scientifique ils obéissent bien à la politique de marque des publications anglosaxonnes. Ces nouveaux préfets du savoir, descendants des inspecteurs d’université créés par Napoléon Premier et des services de marketing publicitaire des industries de l’édition et de l’information scientifique vérifient que les acteurs de la production des connaissances courbent suffisamment l’échine sous le poids de leur nouvelle civilisation. Prônant la guerre de tous contre tous, ils chantent les louanges d’une performance d’autant plus proclamée qu’elle s’avère réellement inefficace. Pour les magistrats et les éducateurs, on supprime les relais intermédiaires et les procédures qui pouvaient potentiellement assurer leur indépendance. C’est le contenu même des programmes d’éducation et de soin, de justice, de recherche et d’information que l’on modifie en définissant de nouvelles formes par lesquelles ils s’exercent ou se transmettent. Comme le pouvoi r actuel n’est pas à une contradiction près, les réformes qu’il impose peuvent dans le même mouvement désavouer les débats qu’il propose : on diminue l’importance de l’histoire et de la géographie au moment même où s’ouvre un soi-disant débat sur l’identité nationale !

Pour faire oublier les inégalités sociales redoublées et délibérées, la peur de l’étranger est attisée et exploitée sans vergogne. La traque au clandestin favorise les passions xénophobes, installe insidieusement des dispositifs de vidéosurveillance des populations et de traçabilité des individus. A partir de la traque des « anormaux » et des « illégaux », par la manipulation de l’opinion par la peur, par les effets d’annonces, avec des dispositifs de contrôle, le Pouvoir prépare insidieusement et obscurément le quadrillage en réseau des populations dites « normales » et « nationales ». Cette infiltration progressive du « cancer » sécuritaire s’exerce au nom des risques que feraient courir les terroristes étrangers, les schizophrènes dangereux, les pédophiles en cavale, et ces sans domicile fixe que nous risquons tous, plus ou moins, de devenir dans la construction d’un État néolibéral qui fait de chacun d’entre nous un intérimaire de l’existence et un intermittent de la Cité. C’est cette civilisation dont nous ne voulons pas que démonte secteur professionnel par secteur professionnel le mouvement de l’Appel des appels. Civilisation de la haine qui invite à traiter les hommes comme des choses et à faire de chacun le manageur solitaire de sa servitude sociale et le contrôleur de gestion de sa faillite citoyenne.

De l’asphyxie à l’insurrection des consciences

Face à l’irresponsabilité des gouvernements, l’insurrection des consciences s’étend. Désobéissance individuelle, protestations, grèves, contestations multiformes : le refus d’obtempérer est la réponse de tous ceux qui ne se résignent pas au monde de la guerre économique et à cette civilisation d’usurier qui « financiarise » les valeurs sociales et psychologiques et « calibre » les individus comme la Commission Européenne calibre les tomates.

Dans le cours de ce vaste et divers mouvement de refus, il y a un an l’Appel des appels était lancé. Au mensonge de réformes qui, partout, font pire quand elles prétendent améliorer, des dizaines de milliers de professionnels de multiples secteurs, depuis le soin jusqu’à la justice en passant par la culture, le travail social, l’éducation et la recherche, ont dit non. Non, il n’est nulle part écrit que la concurrence de tous contre tous, que le management de la performance, que la tyrannie de l’évaluation quantifiée doivent détruire les uns après les autres nos métiers et l’éthique du travail qui lui donne son sens. Non, il n’est écrit nulle part que les ravages provoqués par un capitali sme sans limites doivent se poursuivre de crise en crise et que l’idéologie de la rentabilité doive modifier jusque de l’intérieur toutes les institutions, surtout celles qui constituent les derniers remparts à la dictature absolue du profit. Non, il n’est écrit nulle part que nous devions rester isolés et désolés face aux désastres en cours dans le monde du travail et dans le lien social.

L’Appel des appels, un an plus tard, est connu comme un des points de ralliement, de croisement et de coordination des résistances. Le travail continue. Il est double : transversalité et réflexion commune. D’abord, établir des liens concrets entre des activités qui subissent toutes la même normalisation professionnelle. Cela se fait dans les comités locaux, et par toutes les alliances locales et nationales tissées entre associations, syndicats et collectifs. Ce qui lie dans ce que nous vivons est plus fort que ce qui sépare nos activités spécialisées.

Ensuite, approfondir la réflexion commune. L’Appel des appels, c’est désormais un premier livre collectif[1] qui propose des analyses précises des réformes et des politiques en cours, et qui te nte une compréhension globale de la situation. Pas de lutte efficace possible si l’on ne saisit la particularité du moment, tel est le sens de l’ouvrage conçu comme un outil de transversalité et un point de départ possible d’un travail collectif mené par celles et ceux qui s’inscrivent dans la démarche de l’Appel des appels.

Ici, ce ne sont pas des « intellectuels » qui s’adressent à des « travailleurs ». Ce sont des professionnels qui forment un collectif de pensée et d’action, un « nous raisonnable » qui traverse les frontières des métiers et des disciplines. Intellectuels transversaux, plutôt que spécifiques, professionnels voulant exercer en toute connaissance de cause, tels se veulent les acteurs de ce mouvement à beaucoup d’égards original. Enoncée du cœur de nos métiers notre parole est citoyenne et c’est aux citoyens sans exclusive qu’elle s’adresse pour qu’en retour elle soit non seulement entendue mais encore relancée et redéfinie pour construire cet espace d’un dialogue dans l’espace public d’où émerge la démocratie.

L’Appel des appels, sa force, il la tient de notre conviction partagée que la division subjective et la division sociale ne peuvent être liquidées quels que soient les efforts déployés par les pouvoirs. Réduire aujourd’hui l’homme à l’unité de compte d’une anonyme « ressource humaine », à une force enrôlée dans la mobilisation générale au service de la performance et de la compétitivité, asservie par des dispositifs de management des plus sophistiqués et souvent des plus persécutifs, ne peut qu’engendrer souffrance, révolte sourde, éclats demain qui diront l’insupportable de la négation de l’humain et du social. Nul pouvoir technique, scientifique, économique, quelles que soient ses prétentions à l’instrumentalisation totalitaire, ne saurait supprimer le sujet et le conflit, acquis anthropologiques de la démocratie. C’est la raison de l’Appel des appels. C’est pourquoi, partout où nous sommes, nous ne céderons pas, nous refuserons l’humiliation et le mépris sans le demander pour l’autre. Pari difficile pour chacun d’entre nous, dont seul le « Nous raisonnable » constitue l’assurance que nous pouvons encore et encore le gagner, pas contre mais avec l’autre, à condition et à condition seulement d’autoriser, d’accueillir et de prendre soin du conflit. Faute de quoi la reproduction de l’espèce finira par anéantir son humanité.



Pour le Bureau de l’Appel des appels

Roland Gori et Christian Laval, Le 22 Décembre 2009

[1] Roland Gori, Barbara Cassin, Christian Laval (sous la dir. de), 2009, L’Appel des appels Pour une insurrection des consciences. Paris : Mille et une nuits.

vendredi 25 décembre 2009

L’identité nationale française ? Sarkozy la bafoue tous les jours


On y a eu droit en 2007, ca recommence et on y aura encore droit en 2012.

Puisque notre avis et notre outrance sont sollicités, sur cette identité nationale, je vais vous les donner.

L’identité nationale, c’est ce que Sarkozy piétine tous les jours.

La France, c’est un pays frondeur et cocardier. C’est le pays de Voltaire, de gavroche et des chansonniers. Les puissants, on les raille, on les défie : on ne leur sert pas la soupe. C’est le pays de Cyrano de Bergerac, pas celui des petits arrangements entre amis.

La France, c’est un pays passionnément attaché à la liberté et à l’égalité. Elle rétrécit les monarques. Elle se révolte contre l’injustice.

La France c’est le pays de Montesquieu et de l’Esprit des lois. C’est le pays des Lumières. Avec l’Angleterre, et les Etats-Unis, elle a donné au monde la démocratie moderne. La France c’est l’Etat de droit et la séparation des pouvoirs. Ce n’est pas le confusionnisme actuel, les clans et les petites affaires entre oligarques.

La France c’est un pays de littérature. Un pays de discours et de poésie. Celui de Louise Labé. Un pays qui aime avoir été celui des grands rois (même si, une fois encore, il faut parfois les rétrécir). Tellement loin des familiarités, des présidents qui "font le job" et des sarcasmes envers la princesse de Clèves.

La France, c’est le pays de Pasteur. Et de Marie Curie C’est un pays de science et de pionniers. C’est un pays de respect du savoir et de la recherche. Pas un pays de mépris et de violence envers ceux qui n’ont pas embrassé les voies du fric et de l’exploitation.

C’est le pays où Freud rencontre son maître Charcot et pas celui des délires sur le patrimoine génétique des uns et des autres.

C’est l’amour de l’esprit, un pays qui a choisi de se reconnaître comme origine mythique, sa défaite devant la civilisation romaine. Pas cette violence satisfaite d’elle-même.

La France ce sont des soldats humbles et courageux qui donnent leur sang pour la République. C’est le pays du général Leclerc. C’est une armée qui a fait, finalement le choix de la République et qui reste digne dans un monde de fric et de corruption. Ce n’est pas ce pays où l’ex planqué humilie ses troupes dans un accès de caprice.

La France, c’est l’élitisme républicain. C’est le respect du savoir, du travail et de l’éducation. Le respect des maîtres et de la République. Ce n’est pas le népotisme et les puissances d’argent. Ce n’est pas le show bizz et les paillettes.

La France, c’est la laïcité. La religion renvoyée dans la sphère de l’intime. Ce n’est pas la religion pour abrutir les masses laborieuses et moins encore la funeste complaisance envers les sectes.

La France, c’est une terre de corsaires, de saints et de héros, et pas de flagorneurs et de flatteurs. C’est une terre d’ouvriers et de paysans et pas ce pays d’héritiers dodus et jouisseurs.

La France c’est un pacte social et républicain fondé autour des valeurs du Conseil national de la Résistance. C’est le drapeau et la sécurité sociale, c’est De Gaulle et les communistes. Ce n’est pas cet effort constant et méthodique pour détricoter toutes les solidarités.

La Résistance, c’est celle des martyrs des Glières, et de Lucie Aubrac, pas celle où un agité vient sur les Glières se vanter de sa dernière conquête et réprimer des fou-rires nerveux. La Résistance, c’est Vercors et Jean Moulin, pas la miévrerie de carton-pâte de celui qui veut "émouvoir" avec la lettre de Guy Môquet.

La France, c’est la commune et le mur des fédérés, et Louise michel. Ce n’est pas celle de Thiers et du Fouquet’s. C’est le Saint Just de la Constituante et un Robespierre qu’il faudra bien réhabiliter. Ce n’est pas cette nouvelle Restauration que nous vivons.

La France ce sont d’immenses voix. Hugo et Zola. Péguy et Jaurès. Un souffle d’universel. Un désir de prendre en charge l’avenir de l’humanité. Tellement loin des courtisans à Rolex et des philosophes de cour.

La France c’est même Barrès si vous vous voulez. C’est l’humus des siècles. Des paysages et des villages qui sédimentent des siècles de travail de la terre. Des vallons ombreux. Des labours et des pâturages. Des monastères psalmodiant depuis mille ans. Des silences et des fidélités. Tellement loin des yachts et du bling bling.

La France c’est un pays qui s’est cru le dépositaire exclusif des droits de l’homme et qui a cherché à en être digne. Un pays - parfois attendrissant - qui ne cesse de vouloir donner des leçons au monde mais qui s’efforce de le mériter. Un pays qui a voulu accueillir tous les opprimés. Un pays qui a été l’espoir des écrivains et des penseurs du monde entier. Tellement loin de Sangatte et de la "jungle" de Calais.

La France c’est la patrie de ceux qui ont fuit l’oppression et la misère, riche de ses Espagnols, Italiens, Polonais, Algériens, Tunisiens, Marocains, Viet-namiens, Cambodgiens, Congolais, Sénégalais et de tant d’autres qui sont venus parce qu’ils ont cru à nos rêves et les ont épousés.

Et aujourd’hui c’est une jeunesse décontractée, ouverte et accueillante, voyageuse et connectée, qui ne perd pas son temps à bâtir des murs mais prend joyeusement sa part dans la construction du monde.

L’identité nationale française ? C’est ce qui est foulé aux pieds depuis le mois de mai 2007.

Pour combien de temps encore ?




Djamal Benmerad
Journaliste, écrivain
Bruxelles
Blog : http://euromed.skyblog.com

mardi 22 décembre 2009

Les dates importantes de la revendication autonomiste ...

- Le 24 décembre 1959, suite aux émeutes des 20, 21 et 22 décembre, le Conseil Général votait à l'unanimité une motion dans laquelle les élus demandaient "que des conversations soient entamées immédiatement entre les représentants qualifiés des Martiniquais et le Gouvernement pour modifier le statut de la Martinique en vue d’obtenir une plus grande participation à la gestion des affaires martiniquaises".

- Le 14 février 1960 le PCM (Parti Communiste Martiniquais) adopta un nouveau projet de statut pour la Martinique. Son mot d'ordre est l'autonomie, autrement dit la Martinique doit devenir un territoire fédéré à la République Française. Les pouvoirs du territoire seraient exercés par une Assemblée Législative et par un Conseil de Gouvernement.

- Création en avril 1961 à Paris du F.A.G.A (Front Antillo-Guyanais pour l'Autonomie) autour des martiniquais Edouard Glissant, Marcel Manville, Ephraïm Marie-Joseph, du guyanais Justin Catayée et du guadeloupéen Albert Béville (Paul Niger). En juillet 1961, dissolution du F.A.G.A par le général De Gaulle et saisie de la brochure Les Antilles et la Guyane à l’heure de la décolonisation rédigée par Albert Béville.

- Lors du IIIe Congrès du Parti Progressiste martiniquais, les 12 et 13 août 1967, le PPM adopta le mot d'ordre d'autonomie pour la Martinique. Aimé Césaire dans son discours de clôture déclarait : "nous préconisons dès maintenant l'institution d'une assemblée délibérante martiniquaise souveraine dans un certain nombre de domaines lesquels sont à délimiter et d'un exécutif martiniquais".

- Lors de la « Convention du Morne-Rouge », les 16, 17 et 18 août 1971, les partis et organisations autonomistes de la Réunion, de la Guyane, de la Guadeloupe et de la Martinique, réunis en convention, réclament dans une déclaration finale l'autonomie pour les 4 départements d'outre-mer.

- La « Déclaration de Basse-Terre », signée le 1er décembre 1999. Les Présidents des trois Régions (Guyane, Guadeloupe et Martinique) proposent au Président de la République et au Gouvernement, une modification législative voire constitutionnelle, visant à créer un statut nouveau de Région d'Outre-mer doté d'un régime fiscal et social spécial pour la Guadeloupe, la Guyane et la Martinique, dans le cadre de la République Française d'une part, et de l'Union Européenne d'autre part (article 299-2 du Traité d'Amsterdam).

- Le 2 décembre 2000, Alfred Marie-Jeanne lançait le "Projet Martinique", un projet de développement de la Martinique à l'horizon 2015. Le "Projet Martinique" proposait sur le plan politique, la transformation de la Martinique en "Région d'Outre-Mer autonome" avec un régime fiscal et social adapté à nos spécificités.

- Le 18 décembre 2008, lors du congrès des élus départementaux et régionaux de la Martinique, les élus des 2 assemblées ont voté pour une évolution statutaire de l'île fondée sur l'article 74 de la Constitution française qui permet l'accès à l'autonomie. Cette proposition a été adoptée par 64 voix sur 86 soit 74,41% des suffrages. Les 8 élus de la droite se sont abstenus.

- Le 18 juin 2009, lors du congrès des élus départementaux et régionaux de la Martinique, les élus des 2 assemblées ont voté à l'unanimité 4 résolutions dont une relative à l'organisation et au fonctionnement de la future Collectivité de Martinique régie par l'article 74. Cette résolution précise que la Collectivité de Martinique sera constituée d'un Conseil Exécutif de 7 à 13 membres, d'un Conseil Territorial de 75 membres élus pour 6 ans au scrutin de liste à la représentation proportionnelle à 2 tours, d'un Conseil Économique, Social, Culturel, de l'Éducation et de l'Environnement et d'un Conseil des Communes.

André Adenet-louvet

lundi 21 décembre 2009

Nous voici à la veille de Noël.

Je saisi cette occasion pour adresser au nom de notre Conseil d’Administration et à titre personnel nos souhaits de joyeux noël à tous nos adhérents, sympathisants et au delà à tous ceux qui aiment la France et l’Outre-mer.

Noël, c’est habituellement un moment de paix et de retrouvailles en famille. Un moment où l’on souffle et respire un air de fête. Ne le qualifie-t-on pas couramment du doux nom de « trêve de noël ».

Et pourtant, cela risque encore d’être un moment de stress pour nous qui habitons la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane. En Guadeloupe, les mêmes qui ont initiés cette action politique, (transformé ensuite par l’Etat et les pouvoirs publiques en crise sociale, puis en crise institutionnelle), n’arrivant pas relancer leur mouvement, multiplient les « grèves » dures dans les entreprises, privant régulièrement la population d’électricité et créant une atmosphère d’insécurité.

En Martinique, la campagne dérape avec des agressions verbales dures, et même racistes. Les partisans du 74 n’admettant pas que les Martiniquais rejettent cette éventualité par … 74% des intentions de vote. Un pied de nez de l’histoire ! !

En Guyane, l’incarcération de l’ancien Ministre du Tourisme et Maire de Saint-Laurent du Maroni jette un froid à droite.

C’est la deuxième fois en quelques années, que les Martiniquais seront ainsi consultés sur un éventuel changement de statut ou d’institution. Chacun sent bien que les résultats de ces consultations des 10 et 24 janvier prochains auront une influence déterminante sur les relations entre la France et tout son Outre-mer. Ce ne fut pas le cas en 2003 où les deux départements des Antilles françaises furent consultés simultanément et répondirent toutes deux par un « NON » bruyant. Avec un coté particulièrement rocambolesque pour la Guadeloupe : en effet, bien que les deux communes guadeloupéennes de Saint-Martin et Saint-Barthélemy aient été consultées sur une question spécifique pour chacune d’elles, leurs voix furent décomptées avec le reste des voix de la Guadeloupe. De telle sorte que, si le score avait été serré comme en Martinique, un parfait imbroglio aurait été crée: les « Oui » cumulés de ces deux îles, auraient pu faire basculer de façon décisive la Guadeloupe dans une situation qu’elle ne souhaitait aucunement, et ceci à l’heure même où ces îles choisissaient de se séparer du reste de la Guadeloupe. Fort heureusement le seul effet de ces suffrages discordants fut de réduire à 72.98% le score des « NON », qui aurait été de 75% sans elles.

Ajoutons que l’érection de Saint-Martin et Saint Barth en COM ne fit pas grand bruit. Pour le comprendre il suffit d’ailleurs de jeter un œil sur le tableau ci-dessous.

Résultats de la consultation du 7 décembre 2003



Ce tableau montre assez bien le poids limité de ces deux COM dans l’Outre-mer.

En revanche, les résultats de la Martinique seront regardés à la loupe. Le Non a, aujourd’hui, toutes les chances de l’emporter à la première consultation du 10 janvier (passage à l’article 74). Ce n’est qu’alors que s’engagera véritablement la bataille pour la consultation du 24 janvier (maintien de l’article 73, modifié par la mise en place d’une assemblée unique, en dérogation du droit commun actuel). Même si la classe politique martiniquaise est très engagée pour ce « Oui » à l’article 73 modifié, l’opinion publique reste sur son quant à soi, et peut ménager une surprise de dernière minute : ce fut le cas en 2003.

Enfin, en cette fin d’année les partis politiques affutent leurs armes. Ils ont bien compris que la bataille des régionale se jouera entre les partisans du statut quo et ceux du changement institutionnel. Et ils ont bien compris que la population ne veut pas de statut spécifique, sachant combien le droit commun garantit ses intérêts et son avenir dans le cadre français et européen. Aussi assiste-t-on à des contorsions de langage des partisans du changement, pour faire croire que finalement ce n’est pas la question qui se pose aujourd’hui. Mais la population n’est ni folle, ni sans mémoire. Elle a parfaitement à l’esprit que se sont nos hommes politiques qui ont réclamé à Jacques CHIRAC les modifications de constitution qui nous jettent aujourd’hui dans une instabilité institutionnelle permanente (la quête continuelle de spécificités et modifications institutionnelles ou statutaires, comme si le fait de changer d’habits suffisait à rendre efficace et compétent). Et Elle a bien compris que se sont les mêmes qui ont amené Nicolas SAKOZY à proclamer « que le statut quo n’était plus possible ». La question à laquelle nous, guadeloupéens, auront donc à répondre pour ces élections régionales de 2010, sera de faire le tri entre qui est crédible et qui ne l’est pas.

D’ici là, et malgré nos agitateurs permanents, tâchons de passez les meilleures fêtes possibles de fin d’année.

Bonnes fêtes de Noël à chacun et chacune d’entre vous.

Amédée ADELAIDE
Président du CSLR
19 décembre 2009

dimanche 20 décembre 2009

HONTE A CEUX QUI MANGENT DANS MÊME MANGEOIRE QUE CES PROFITEURS

Rappelons-nous, ceux qui ne veulent pas que les Martiniquais s'organisent aujourd'hui pour "prendre en compte leurs intérêts propres" de Martiniquais, ce sont ceux-là qui se sont toujours opposés à la moindre avancée favorable à notre pays et notre peuple; et cela tout au cours de notre histoire:

- en 1848, ils se sont violemment opposés à la suppression de l'esclavage;

- en 1946 ils étaient contre la suppression de l'institution coloniale;

- en 1948, ils sont dressés, avec leurs nervis armés, contre l'instauration de la sécurité sociale:

- en 1982, ils ont combattu, avec leurs supporters politiciens, l'instauration d'une collectivité unique pour mieux gérer nos affaires Martiniquaise;

- en 2003, ils ont agité et financé grassement une lourde propagande de peur pour empêcher toute évolution;

- en 2009, ils se sont proclamés "maitres de la Martinique" en dénigrant notre race sur canal plus;

- en 2009, ils ont voulu casser notre mobilisation contre la vie chère avec des nègres de service sur des tracteurs;

- depuis des années, ils ont pourris notre sol, notre lieu naturel de nourriture, avec les pesticides;

- ils se targuent d'être Martiniquais mais ils vivent entre eux, procréent entre eux, se partagent notre économie entre eux. Combien parmi eux font parti de nos associations culturelles, de nos équipes sportives ...etc. ?

- une seule chose les intéressent vraiment, notre porte monnaies

Le plus attristant, c'est qu'aujourd'hui, les néo-PPM, les socialistes et certains intellectuels ennemis du pays les ont rejoints dans leur combat séculaire contre les intérêts suprêmes de notre Martinique, en semant la confusion et la zizanie et en appelant à voter Non à "une assemblée particulière prenant en compte [nos] intérêts propres" de Martiniquais! Ceux-là dont le référent perpétuel, Aimé Césaire, ne cessait d'appeler à la responsabilité martiniquaise.

L'Histoire appréciera!

Quant à nous, c'est en tant que Martiniquais, et fiers de l'être, que nous voterons OUI le 10 janvier 2010. Nous appelons le peuple martiniquais à voter OUI à une collectivité martiniquaise "dotée d'une assemblée particulière prenant en compte ses intérêts propres". En toute confiance et dignité!

Mathurin Sé Mwen Menm

vendredi 18 décembre 2009

"Identité nationale"

Edito de Mgr Bagnard : "Identité nationale"

A l’ini­tia­tive du Pré­si­dent de la Ré­pu­bli­que, les fran­çais sont in­vi­tés à ré­flé­chir sur l’iden­ti­té na­tio­nale, comme l’an­née der­nière, ils ont été in­vi­tés à le faire sur la bio­éthi­que. Les Pré­fets sont char­gés de me­ner à bien cette large con­sul­ta­tion et d’en re­met­tre, le mo­ment venu, les con­clu­sions. Les évê­ques sont eux aus­si as­so­ciés à ces échan­ges. C’est ain­si que, le 11 dé­cem­bre, je par­ti­ci­pe­rai à l’une de ces réu­nions dont huit sont pro­gram­mées dans no­tre Dé­par­te­ment. La der­nière se tien­dra à la Pré­fec­ture même le 15 dé­cem­bre.
Si l’on s’in­ter­roge sur l’iden­ti­té na­tio­nale, c’est que l’on ne sait plus ce que l’ex­pres­sion re­cou­vre exac­te­ment. La cause en est due d’abord à l’im­pact de l’Eu­rope sur no­tre pays ! En de­ve­nant mem­bres de l’Union Eu­ro­péenne, les fran­çais voient plus ou moins s’ef­fa­cer le sen­ti­ment de leur ap­par­te­nance à la Na­tion. De ce fait, la no­tion de na­tio­na­li­té, sans vrai­ment dis­pa­raî­tre, passe au se­cond plan. On se dit fa­ci­le­ment ci­toyen de l’Eu­rope et même par­fois, plus ra­di­ca­le­ment en­core, "ci­toyen du monde." Que de­vient alors le lien qui unit à son pro­pre pays ?
L’une des au­tres cau­ses qui en­toure d’un brouillard l’iden­ti­té na­tio­nale, c’est l’ar­ri­vée dans note pays d’un grand nom­bre d’ « étran­gers ». Un seul exem­ple : quand l’équipe de foot­ball qui dé­fend les cou­leurs de la France, se pré­sente avec une ma­jo­ri­té de joueurs d’ori­gine afri­caine dans ses rangs - ce qui n’est en rien cri­ti­qua­ble, bien en­ten­du ! - on se pose la ques­tion :"Que veut dire exac­te­ment l’ex­pres­sion : "équipe de France" ?
Or, c’est au mo­ment où se brouille la con­science de ce que l’on croyait être jus­qu’alors, que l’on s’in­ter­roge sur la réa­li­té de ce que l’on était vrai­ment ! Qu’est-ce qui fait que l’on est fran­çais ?
A n’en pas dou­ter, l’un des che­mins qui ou­vre à l’iden­ti­té na­tio­nale passe par l’his­toire. C’est dans l’hé­ri­tage reçu des siè­cles que se re­flète le vi­sage d’une na­tion. "Qu’avons-nous que nous n’ayons reçu ?" Que pour­rions-nous dire de nous-mê­mes et de no­tre pays si, faute de mé­moire, nous ne par­ve­nions pas à nous si­tuer dans le pro­lon­ge­ment d’une his­toire ? Ce se­rai le si­lence ou l’ar­bi­traire d’une pa­role ti­rée de l’im­mé­diat !
Ain­si, comme évê­que de Bel­ley-Ars, je ne peux pas igno­rer que la pré­sence d’un évê­que, iden­ti­fiée avec cer­ti­tude par l’his­toire dans la Ville de Bel­ley, re­monte à l’an 412. Il s’ap­pe­lait Au­dax. L’Evê­que ac­tuel est le cen­tième d’une li­gnée qui en comp­te qua­tre-vingt-dis neuf avant lui. Ain­si, de­puis seize siè­cles, le chris­tia­nisme est pré­sent - de fa­çon or­ga­ni­sée - sur no­tre ré­gion. Com­ment, sur une aus­si lon­gue du­rée, l’Évan­gile n’au­rait-il pas fa­çon­né le com­por­te­ment de ses ha­bi­tants, leur mode de pen­sée, leur cul­ture, leur vi­sion de l’exis­tence ?
On peut dis­cu­ter sur le bien fon­dé de cet im­pact, mais on ne peut con­tes­ter les don­nées ob­jec­ti­ves de l’his­toire. Les tra­ces de cet hé­ri­tage sont là sous nos yeux. Il suf­fit de voir "ce long man­teau d’égli­ses et de ca­thé­dra­les qui re­cou­vre no­tre pays pour com­pren­dre que les va­leurs chré­tien­nes ont dû quand même y jouer un rôle", dé­cla­rait Ni­co­las Sar­ko­zy, le 13 dé­cem­bre 2007. Pour­quoi s’en ex­cu­ser ? Pour­quoi s’en dé­fen­dre puis­que nous som­mes tout sim­ple­ment de­vant une don­née de fait ?
La cul­ture is­sue de cette im­pré­gna­tion des siè­cles est si pro­fon­dé­ment en­ra­ci­née qu’elle est de­ve­nue comme une se­conde na­ture ; elle fait si bien corps avec cha­cun d’en­tre nous qu’elle a ce grave in­con­vé­nient de ne plus s’in­ter­ro­ger sur les ori­gi­nes où elle a pui­sé sa sève.
Jean-Paul II avait jus­te­ment osé dire au Bour­get, le 1er juin 1980 : "On sait la place que l’idée de li­ber­té, d’éga­li­té et de fra­ter­ni­té tient dans vo­tre cul­ture, dans vo­tre his­toire. Au fond, ce sont là des idées chré­tien­nes." S’in­ter­ro­ger sur l’iden­ti­té na­tio­nale, c’est donc re­trou­ver le che­min des ori­gi­nes et les as­su­mer comme un creu­set qui, au fil des siè­cles, a for­gé l’iden­ti­té de no­tre pays.
Cette in­ter­ro­ga­tion con­duit à re­con­naî­tre que l’un des fac­teurs ma­jeurs de cette iden­ti­té, c’est bien le chris­tia­nisme. Ni­co­las Sar­ko­zy avait dit au La­tran : "Les ra­ci­nes de la France sont es­sen­tiel­le­ment chré­tien­nes... Une na­tion qui ignore l’hé­ri­tage éthi­que, spi­ri­tuel, re­li­gieux, de son histoire com­met in crime con­tre sa cul­ture.. Ar­ra­cher la ra­cine, c’est per­dre la si­gni­fi­ca­tion, c’est af­fai­blir le ci­ment de l’iden­ti­té na­tio­nale et des­sé­cher da­van­tage en­core les rap­ports so­ciaux qui ont tant be­soin de sym­bo­les de mé­moire."
Il est vrai que le siè­cle des Lu­miè­res a con­tes­té cet hé­ri­tage, mais il en est res­té, mal­gré lui, pro­fon­dé­ment im­pré­gné. Le ca­dre men­tal dans le­quel il ex­pri­mait ses "idées nou­vel­les" con­ti­nuait à s’ali­men­ter sou­ter­rai­ne­ment à la Source qu’en sur­face il re­je­tait !
Sans ce ré­fé­ren­tiel fon­da­men­tal, il n’au­rait pas pu éla­bo­rer la Dé­cla­ra­tion uni­ver­selle des Droits de l’homme, dont l’un des prin­ci­pes fon­da­men­taux est le res­pect dû à tout être hu­main. Car tous les hom­mes sont égaux en di­gni­té. Cha­cun a donc le droit d’être re­con­nu pour lui-même, qu’il soit croyant, non croyant, li­bre pen­seur, etc...
Et jus­te­ment, l’es­prit de la laï­ci­té s’en­gage à ré­unir les con­di­tions per­met­tant aux croyants et aux in­croyants de vi­vre ensem­ble, la base de cette con­vi­via­li­té étant le res­pect de la con­science de cha­cun. Nous som­mes ty­pi­que­ment de­vant la ver­sion sé­cu­lière du mes­sage évan­gé­li­que !
Aus­si quand, sur l’ho­ri­zon qui nous est fa­mi­lier, sur­gis­sent d’au­tres cul­tu­res - is­sues d’au­tres re­li­gions - nous nous in­ter­ro­geons lé­gi­ti­me­ment sur leur com­pa­ti­bi­li­té avec no­tre pro­pre iden­ti­té na­tio­nale. Et c’est aus­si l’oc­ca­sion d’avoir une plus claire con­science de ce que veut dire être fran­çais. Au nom de cette iden­ti­té, nous in­ter­ro­geons l’Is­lam. Ac­cepte-t-il, dans les faits, la li­ber­té de con­science ? In­tè­gre-t-il, dans le champ so­cial, l’éga­li­té en­tre l’homme et la femme ? Le res­pect des con­scien­ces va-t-il jus­qu’à ac­cueillir le chan­ge­ment de re­li­gion sans crainte de re­pré­sailles ? Peut-on être tran­quil­le­ment adepte d’une au­tre re­li­gion dans un pays mu­sul­man ? Si la ré­ponse est "oui" pour tel pays, et "non" pour tel au­tre, alors y a-t-il un or­ga­nisme of­fi­ciel qui dé­fi­nit la juste pen­sée de l’Is­lam ? Où se trouve la vé­ri­ta­ble in­ter­pré­ta­tion ? Le fran­çais a be­soin de le sa­voir au mo­ment où son pays ac­cueille cette cul­ture sur son ter­ri­toire et cela au nom de l’iden­ti­té na­tio­nale.
Car voi­ci, par exem­ple, ce que je lis sous la plume d’un Père Jé­suite égyp­tien, le Père Bou­lad, bon con­nais­seur de l’is­lam : "Quand un mu­sul­man me dit : l’is­lam est la re­li­gion de la to­lé­rance, je lui ré­ponds : par­mi les 57 pays mu­sul­mans de la pla­nète, cite m’en un seul où la li­ber­té re­li­gieuse existe. Si bien que le non-mu­sul­man n’a pas sa place. Il est to­lé­ré, tout juste, comme dhim­mi, mais à part ça, non. La to­lé­rance, pour l’is­lam, c’est que vous êtes to­lé­ré comme ci­toyen de deuxième zone en tant que chré­tien ou juif. Mais en de­hors de ça, si vous êtes boud­dhiste ou hin­douiste, vous n’êtes plus to­lé­ré. Vous êtes un ka­fir, c’est-à-dire car­ré­ment un apos­tat, un im­pie. [...]"
N’est-ce pas le rap­pel de l’exi­gence d’un dia­lo­gue en vé­ri­té, au mo­ment où l’on s’in­ter­roge sur l’iden­ti­té na­tio­nale ? Et cette exi­gence dé­passe lar­ge­ment la dis­cus­sion sur la hau­teur des mi­na­rets, même si celle-ci est à pren­dre aus­si en con­si­dé­ra­tion.
† Père Guy-Ma­rie Ba­gnard
Évê­que de Bel­ley-Ars
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mercredi 16 décembre 2009

COMMÉMORONS DIGNEMENT LES 50 ANS DES ÉVÈNEMENTS DE DÉCEMBRE 1959


17H30 : MARCHE AUX FLAMBEAUX

Avec Tambou Bo Kannal et Watabwi

Départ face à l’hôtel La Fayette

(près de la savane de Fort-de-France)

19h00 : RASSEMBLEMENT CULTUREL

(Place François Mitterrand à proximité de l’E.D.F)

Avec la participation de l’A.M.4, Kanigwé, Léon Sainte Rose et son groupe, Nicole Cage, Kolo Bart, ...

LUNDI 21 DECEMBRE

18h30 : CONFERENCE-DEBAT A L’ATRIUM

(Salle Aimé Césaire)

Intervention d’historiens, de témoins des évènements,

Communication d’Alain PLENEL (Vice recteur de la Martinique lors des évènements)

En partenariat avec le Conseil Général et le Conseil Régional

SANBLE POU 50 LANNE DESANM 59

APASSE, ASSAUPAMAR, CDMT, CERCLE FRANTZ FANON, CSTM, GRS, IREHA, MIM, MIR, MODEMAS, MPP, MPREOM, PALIMA, PCM, PKLS, Louis Georges PLACIDE, Richard CHATEAUDEGAT, Gesner MENCE, Osman DUQUESNAY, Daniel SAINTE ROSE, Alain CADORE, Gilbert PAGO.

SONJÉ DÉSANM 59

(Cinquantième Anniversaire)

Que s’est-il passé à Fort-de-France les 20, 21, et 22 décembre 1959 ?

Dimanche 20 vers 18 heures, à proximité de la Savane : au volant de sa « Dauphine », un automobiliste français qui renverse la « Vespa » du scootériste martiniquais Frantz Moffat, refuse de faire une déclaration d’assurance. Il s’en suit une brève altercation. Informés de cet incident qui a provoqué un attroupement, des agents de la Compagnie Républicaine de Sécurité interviennent sur la Savane : tirant en l’air à balles réelles et lançant des gaz lacrymogènes, les CRS entreprennent de disperser sans ménagement les badauds encore présents sur les lieux, puis ils s’en prennent à l’importante foule venue écouter un concert de musique. La riposte s’organise, initiée par des militaires permissionnaires. Les CRS sont alors chahutés au cri de CRS mach, CRS déwò ! et sérieusement bousculés. C’est l’arrivée des gendarmes et des policiers qui leur permet de se retirer au Fort Saint-Louis ; 26 des 30 CRS engagés dans cette opération sont blessés dont 3 hospitalisés. Des pierres sont ensuite lancées contre l’hôtel de l’Europe, au motif que c’est de cet établissement qu’aurait été passé l’appel téléphonique ayant conduit à cette intervention musclée. Il est vrai que cette structure est le siège de l’amicale des anciens d’Afrique du Nord, le restaurant-bar préféré des Pieds Noirs, des CRS, et autres Français. À l’époque, on enregistre de nombreux incidents entre la population martiniquaise et la communauté française.

Lundi 21 : pendant la journée, les CRS et gendarmes qui cherchent à intimider la population, effectuent des rondes à moto et en jeeps, avec leurs armes ostensiblement visibles. Perçues comme des nouvelles provocations, ces « patrouilles de surveillance » à Fort-de-France et aux abords de la Savane ajoutent aux tensions. Conscient du climat difficile, le préfet par intérim fait alors consigner les CRS et demande à son collègue de Guadeloupe d’envoyer en renfort 3 pelotons de gendarmes. Dans la soirée, les attaques contre l’hôtel de l’Europe reprennent et ce sont les policiers qui interviennent arme en main. Ils se lancent dans une chasse à l’homme et provoquent la mort de deux jeunes :

- Christian Marajo (15 ans) : à la croisée des rues République et Ernest Renan appelée maintenant Moreau de Jones.

- Edmond Éloi Véronique dit Rosile (20 ans) : derrière l’Olympia, rue Villaret-Joyeuse appelée aujourd’hui Redoute du Matouba.

Les policiers devenant la cible principale des manifestants, les commissariats sont l’objet de tentatives d’incendie : le commissariat central de la place Gallieni, ceux de Rive Droite, de Pont Démosthène et des Terres-Sainville. Les émeutes s’étendent à toute la ville, avec trois foyers principaux : Rive Droite, Pont Démosthène (au niveau de l’actuelle place François Mitterrand) et Croix Mission.

Mardi 22 : c’est le jour le plus important des émeutes. Préfet p.i, Guy Beck prend l’initiative de réunir dans la matinée les directeurs de publication et des représentants des différentes autorités civiles et politiques. Cette manipulation politicienne vise, d’une part, à faire croire que les policiers ne sont pas responsables de la mort de Marajo et de Rosile, d’autre part, à amener les politiciens -tout particulièrement les communistes, à condamner publiquement les violences et donc isoler les émeutiers. Pendant toute la journée, des appels au calme sont donc diffusés à la radio. Les émeutes reprennent pourtant dans la soirée, pour atteindre leur point culminant.

Comme la veille, on enregistre des manifestations, avec une forte proportion de jeunes, et des affrontements directs entre les forces de l’ordre et des groupes des quartiers populaires. Les actions sont les mêmes mais elles présentent une plus grande intensité : le commissariat de Rive Droite brûle entièrement, les émeutiers installés dans le cimetière de la Levée, bombardent le commissariat central de bouteilles enflammées. Point chaud certainement le plus important, la Place Stalingrad (actuelle Place François Mitterrand) illustre mieux encore cette intensité : des centaines de manifestants déterminés affrontent des gendarmes qui, débordés, ouvrent le feu à plusieurs reprises et provoquent la mort d’un troisième jeune :

- Julien Betzi (19 ans), au niveau des marches du Morne Pichevin (quartier appelé aujourd’hui Les Hauts du Port).

Conscientes de l’ampleur croissante des manifestations, les autorités préfectorales qui craignent une « insurrection générale » accélèrent l’arrestation des meneurs. Le lendemain, elles décrètent le couvre-feu sur tout le territoire de Fort-de-France, à partir de 20 heures. Le gouvernement français décide d’envoyer en renfort d’autres gendarmes et des gardes-mobiles. Il annonce également le départ du « croiseur De Grasse en direction de la Martinique ».

La soirée du mercredi n’enregistre pas d’attroupements et d’affrontements.

Comment expliquer qu’un incident de circulation provoque un tel soulèvement populaire ?

Les causes réelles de ces émeutes sont profondes. Cette fin des années 50 s’inscrit, en effet, dans un contexte de mutation socio-économique qui comprend deux grands aspects :

- la restructuration de l’économie d’habitation : 14 usines sucrières en 1949, 11 en 1959 ; 90 distilleries en 1950, 33 en 1959. En fermant ses unités de production les moins performantes, la filière sucre-rhum améliore sa productivité et ses résultats. Cette restructuration provoque des licenciements que l’économie bananière, en pleine expansion, ne peut entièrement absorber.

- le chômage et l’exode : la terre ne fixant plus les populations, l’exode rural s’intensifie en direction des quartiers populaires de Fort-de-France. Ces derniers se développent et les premiers grands ensembles apparaissent dans les années 50-60 : les cités Floréal, Dillon, Bon-Air, Calebasse, etc..

Le changement de statut n’apporte donc pas l’égalité sociale espérée mais se traduit déjà par une lourde fiscalité qui pénalise tout particulièrement les petites structures et les artisans. L’administration du département et le développement des commerces et services induisent des créations d’emplois qui, il est vrai, sont en partie occupés par des fonctionnaires français et des Pieds noirs. Avec la départementalisation, on enregistre également des infrastructures nouvelles (écoles, hôpitaux, dispensaires, etc) dont bénéficient les secteurs de la construction et du bâtiment. Ces emplois sont cependant insuffisants, compte tenu de la très forte croissance démographique : l’excédent naturel est proche de 30 ‰ et près de la moitié de la population a moins de 20 ans.

À cette situation socio-économique difficile, il faut ajouter la multiplication d’incidents racistes, du fait des CRS, des fonctionnaires français qui sévissent dans les administrations, et des Pieds noirs venus d’Afrique du Nord.

Pourquoi ces trois jours d’émeutes prennent-ils une telle importance ?

Les combats de rue conduisent les partis politiques, surpris par l’ampleur des manifestations et la forte mobilisation des jeunes, à faire un constat de faillite. Faillite économique. Faillite sociale. Faillite d’une société sans réponse à l’angoisse de sa jeunesse. Faillite du rêve assimilationniste et impasse politique. Les politiciens sont donc amenés, sous l’impulsion des communistes, à prendre le relais de la rue. Et ce sont les prolongements politiques qui, en grande partie, expliquent l’importance historique que prennent ces trois jours des 20, 21 et 22 décembre 1959.

Les conseillers généraux unanimes : lors d’une session extraordinaire (jeudi 24 décembre) qui se tient en présence d’une foule importante, le Conseil Général unanime réclame :

- le retrait immédiat des CRS et des éléments racistes indésirables,
- une série de mesures socio-économiques, comme la réduction des impôts, la création d’une caisse de secours pour les chômeurs, l’extension de la Sécurité Sociale, l’application intégrale des prestations et allocations familiales.

D’expression autonomiste : la demande la plus audacieuse que formulent les conseillers généraux est que « des conversations soient entamées immédiatement entre les représentants qualifiés des Martiniquais et le Gouvernement pour modifier le statut politique de la Martinique, en vue d’obtenir une plus grande participation à la gestion des affaires martiniquaises ». Dans la forme, cette revendication autonomiste renvoie au mot d’ordre du PCM, « la gestion de nos propres affaires ». En déclin électoral depuis la démission d’Aimé Césaire en 1956, les communistes réalisent ainsi un beau coup politique.

Comment l’État français réagit-il aux revendications du Conseil Général ?

La réponse du gouvernement se fait en trois temps : un premier (décembre, janvier) où il donne l’impression de céder en acceptant certaines mesures, notamment l’annulation du départ du croiseur De Grasse, une enquête sur les racistes, le relèvement du Salaire Minimum et des allocations familiales. Un deuxième où, en réponse aux velléités autonomistes du Conseil Général, il met l’accent sur son projet de « départementalisation adaptée ». Un troisième (à partir de juillet, août 60) où la répression s’intensifie. La réponse des autorités françaises prend concrètement trois grandes formes :

- Un renforcement des moyens : avant même le départ des CRS, le gouvernement Debré envoie en Martinique des pelotons de gendarmes et de gardes-mobiles ainsi que du matériel lourd. Il prépare un plan de quadrillage de Fort-de-France par l’implantation de nouvelles gendarmeries sur les principaux axes routiers. Sous couvert de formation professionnelle, le SMA (Service Militaire Adapté -plan Némo 1960) éloigne les soldats martiniquais et guadeloupéens qui, lors des événements de Décembre 59, ont sympathisé avec les manifestants. Ils sont alors remplacés par des militaires français plus fiables en cas de nouvelle insurrection.

- Une chasse aux opposants : les autorités françaises pensent (à tort) que les communistes sont responsables des émeutes de Fort-de-France, et donc en mesure d’en déclencher de nouvelles. Persuadées également d’une liaison étroite entre Cuba et le PCM, elles sont alors convaincues d’un danger communiste imminent. Le nouveau préfet Jean Parsi se lance donc rapidement dans une politique anti-séparatiste qui vise les fonctionnaires (Alain Plénel est déplacé en janvier 1960) et les étudiants ; leur « congé budgétaire » étant interrompu, ils sont envoyés sur le front algérien. Avec l’ordonnance du 15 octobre 1960, le gouvernement ajoute au pouvoir discrétionnaire des préfets des DOM qui peuvent alors muter en France tout fonctionnaire « dont le comportement est de nature à troubler l’ordre public ». L’après-décembre 59 se caractérise donc par une chasse aux sorcières de type maccartiste (politiciens, syndicalistes, journalistes, particuliers, etc).

- Une politique migratoire : dès janvier 1960, le gouvernement parle de l’émigration comme réponse au chômage. Cette politique migratoire se structure en 1963 avec le Bureau des Migrations des Départements d’Outre-Mer, BUMIDOM qui organise l’exil de milliers de jeunes martiniquais, guadeloupéens et réunionnais. Ce flux migratoire répond au besoin de main-d’œuvre de la France, pour certains emplois peu qualifiés.

Que retenir en conclusion ?

Dénués pour la plupart de conscience militante, les manifestants n’en ont pas moins contribué à l’émergence d’une conscience nationale ; Organisation de la Jeunesse Anticolonialiste Martiniquaise, l’OJAM est l’une des premières structures à se réclamer de « l’esprit Désanm 59 ». Les émeutes de 1959 constituent donc une date importante de l’histoire de la Martinique, un repère essentiel. À partir de ces événements, les limites du statut départemental sont reconnues par une majorité de partis politiques et l’idée de résistance à l’oppression coloniale s’exprime publiquement. Dans les années soixante, soixante-dix, des organisations militantes posent même la question de l’évolution statutaire en termes de « la lutte de libération nationale ».

Ces événements de Fort-de-France ont ainsi provoqué une prise de conscience, dans un contexte international de décolonisation et d’accession des peuples à l’indépendance.

Pour mémoire de Nous-Mêmes, fòk sonjé Marajo, Rosile et Betzi, victimes du colonialisme français. Honneur aux combattants de Désanm 59.


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lundi 14 décembre 2009

A Copenhague, encore des mots en l’air sur le climat ?

par Damien Millet - Eric Toussaint

Par les temps qui courent, les grands sommets internationaux ont ceci de remarquable que les pires craintes s’y confirment : les pays riches montrent ostensiblement leur indifférence sur les questions socio-environnementales malgré les mobilisations des mouvements sociaux et les pays présents se mettent d’accord sur une déclaration de bonnes intentions tout en prenant soin de ne signer ni engagement chiffré contraignant ni agenda trop précis.

Du 16 au 18 novembre, Rome accueillait le sommet de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui devait s’attaquer au problème de la faim, d’autant plus sensible avec la grave crise alimentaire que traverse le monde depuis 2007. Le seuil du milliard de personnes sous-alimentées a été franchi, soit 150 millions de personnes en plus depuis 2006. En deux ans, plus de la moitié de la population de la planète a vu se dégrader fortement ses conditions de vie en raison d’une très forte hausse du prix des aliments combinée à une augmentation brutale du nombre de chômeurs en raison de la crise économique et financière qui a éclaté dans les pays industrialisés. Cela a entraîné des protestations massives de par le monde au cours du premier semestre 2008. Le premier objectif du millénaire pour le développement, consistant à réduire de moitié entre 1990 et 2015 la proportion des êtres humains souffrant de la faim, se soldera par un échec puisqu’en avril 2009, les ministres de l’Agriculture des pays du G8 reconnaissaient que « le monde est très loin d’atteindre cet objectif ».

Les causes sont connues. Une faible partie des aliments produits dans le monde est exportée, l’écrasante majorité de la production étant consommée sur place, mais ce sont les prix sur les marchés d’exportation, fixés principalement aux Etats-Unis (à la Bourse de Chicago, de Minneapolis et de Kansas City), qui déterminent les prix sur les marchés locaux. En conséquence, le prix du riz, du blé ou du maïs à Tombouctou, à Mexico, à Islamabad est directement influencé par l’évolution du cours de ces grains sur les marchés boursiers. Après l’éclatement de la bulle de l’immobilier aux Etats-Unis (crise des subprimes à l’été 2007), nombre de spéculateurs ont trouvé refuge sur les marchés des matières premières, poussant les cours à la hausse, d’autant qu’une partie croissante de la production est destinée aux funestes agro-carburants.

Le premier semestre 2008 a été dramatique sur ce plan. Il faut dire que durant plusieurs décennies, les gouvernements ont supprimé progressivement toute forme de protection pour les producteurs locaux et ont suivi les recettes néolibérales dictées par la Banque mondiale et le FMI. Après la crise de la dette au début des années 1980, ces deux institutions ont imposé des plans d’ajustement structurel aux pays surendettés. Au menu, l’abandon des subventions aux produits de première nécessité, la réduction drastique des budgets sociaux, la suppression des différents mécanismes de régulation ou encore l’ouverture totale des marchés. Ces plans d’ajustement structurel ont certes enrichi les grands créanciers et les élites locales, mais ils ont surtout mis en grave danger les populations du Sud et réduit fortement les possibilités d’intervention des Etats.

Devant une telle situation, une large mobilisation de tous les pays semblait aller de soi. Pourtant, seule une soixantaine de chefs d’Etat ou de gouvernement, essentiellement d’Afrique et d’Amérique latine, ont participé à ce sommet boudé par la totalité des dirigeants du G8, sauf Silvio Berlusconi. Mais la présence de Berlusconi avait une raison bien simple : lui éviter de devoir comparaître devant un tribunal italien ce jour-là. Aux dires même du directeur de la FAO, Jacques Diouf, le sommet fut décevant : « Si nous n’avons pas les dirigeants qui ont autorité sur tous les dossiers, qui peuvent coordonner l’action, (...) je pense que nous passons à côté du problème, nous réduisons la question à sa dimension purement technique, alors qu’elle a une dimension économique, sociale, financière, je dirais même culturelle. » Evidemment l’objectif d’éradication de la faim a été renouvelé, mais aucune date-butoir n’a été fixée pour l’atteindre. Des mots en l’air donc.

Prochaine étape ? Le climat. Un réchauffement climatique de grande ampleur est en cours, d’autant plus inquiétant qu’il se produit à une vitesse que l’humanité n’a jamais connue. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), prix Nobel de la Paix en 2007, estime que « l’essentiel de l’élévation de la température moyenne du globe observée depuis le milieu du XXe siècle est très probablement attribuable à la hausse des concentrations de GES » (gaz à effet de serre). Si cette élévation est aussi rapide, c’est à cause des changements radicaux survenus dans les activités humaines. Face à de tels dérèglements climatiques, des mesures drastiques s’imposent, à commencer par la remise en cause du modèle économique qui a conduit le monde dans cette impasse.

Depuis des décennies, les mesures néolibérales imposées notamment par le FMI et la Banque mondiale ont fragilisé, et souvent irréversiblement détérioré, les écosystèmes. Pour se procurer les devises nécessaires au remboursement de la dette, les pays du Sud ont dû orienter leur économie vers l’exportation : pétrole, minerais, productions agricoles « tropicales ». Les conséquences environnementales ont été désastreuses : surexploitation des ressources, déforestation, pollutions, érosion des sols, désertification, accumulation de déchets très toxiques, mégaprojets énergétiques destructeurs, soutien aux industries extractives.

Le protocole de Kyoto, lancé en 1997, impose une réduction des rejets de gaz à effet de serre dans l’atmosphère avec des quotas différents suivant les pays. Sitôt entré en fonctions en janvier 2001, le président George W. Bush a retiré la signature des Etats-Unis. Pour sa part, l’Europe a mis en place une « solution » taillée sur mesure pour l’économie capitaliste, en créant un marché des droits à polluer, qui peuvent donc s’acheter ou se vendre. La pollution est devenue une marchandise comme une autre : celui qui paie peut polluer.

Nul n’ignore que se tient actuellement à Copenhague le Sommet de l’ONU sur le climat. L’enjeu est de taille pour préparer l’après-2012, mais les pays riches ne semblent pas vouloir agir à la hauteur de leurs responsabilités historiques. En effet, les populations des pays pauvres, qui sont les premières touchées et n’ont pas les moyens de se prémunir des effets des changements climatiques, ont très peu contribué à l’accumulation de pollution dans l’atmosphère (moins de 20%). Même si les émissions des pays en développement risquent à l’avenir de dépasser celles des pays riches, la responsabilité de ces derniers restera plus élevée pendant encore longtemps.

Des pistes alternatives peuvent être avancées, parmi lesquelles la réorientation des financements vers la mise au point d’alternatives technologiques, des plans de transition à tous les niveaux (global, régional, national, local) vers une société sans combustibles fossiles, un transfert massif de technologies propres vers le secteur public des pays en développement débarrassés de leur dette, la création d’un fonds mondial pour l’adaptation aux effets du changement climatique alimenté par une ponction sur les profits des secteurs responsables du changement climatique (pétrole, charbon, automobile, production d’électricité.), la suppression du régime des brevets dans la santé et dans les technologies permettant de produire des biens de consommation et des services essentiels, sans oublier la nécessité d’une alternative anticapitaliste.

Si ce prochain sommet n’opère pas un tel virage bien réel et radical, le risque est grand que la seule différence de fond entre Rome et Copenhague soit juste une différence. de climat !
Damien Millet est porte-parole du CADTM France (Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde, www.cadtm.org). Eric Toussaint est président du CADTM Belgique. Ils ont écrit ensemble le livre « La Crise, Quelles Crises ? », CADTM/Aden/CETIM, à paraître en janvier 2010.

CADTM

source

Copenhague porte le capitalisme vert sur ses fonts baptismaux

Ils sont venus, ils sont tous là, pour une belle photo de famille. Quelle famille que celle du capitalisme triomphant qui transmute le carbone en euros et en dollars ! Vive la pollution, vive la couche d’ozone, vive le réchauffement climatique et vive ceux qui, pour en faire commerce, bénéficient de l’ensemble des médias planétaires. Il fallait faire peur aux pauvres et aux moins pauvres. C’est fait. Avec les même images de la banquise qui s’écroule et de ce bel ours blanc qui dérive sur un morceau de glace. Bravo ! Joli scénario. La Terre se meurt et l’homme — c’est a dire, vous et moi , mais sûrement pas les multinationales — en est le seul responsable !

Coupable !

Vous n’aviez qu’à éteindre la lumière du couloir avant de partir ! Vous n’aviez qu’à ne pas laisser votre téléviseur ou votre ordinateur en veille le soir ! Vous n’aviez qu’a acheter des ampoules basse consommation ! Vous n’aviez qu’à recycler vos déchets ! Vous n’aviez qu’à rouler à vélo ! Vous n’aviez qu’a prendre le train — même s’il a été supprimé car il n’était pas rentable ! Vous n’aviez qu’a vous chauffer à l’électricité nucléaire fournie par un prestataire privé, de préférence ! Vous n’aviez qu’à ne pas manger autant de viande de bovins dont les flatulences ignobles percent la couche d’ozone ! Vous n’aviez qu’à ne pas acheter cette belle salle à manger dont le bois, à coup sûr, provient de la déforestation de la forêt primaire ! Vous auriez dû faire l’impasse sur votre pot de yaourt qui fait en moyenne 7 600 kilomètres pour venir échouer dans votre assiette !

Non, mais, puisqu’on vous le dit ! Vous n’êtes pas raisonnables du tout, vous les humains ! Même Sarkozy vous le dit ! Vous n’êtes pas du tout, du tout, responsables. A la limite du laxisme même ! C’est à cause de vous que les océans vont monter de plusieurs mètres, envahissant, de ce fait, des pans entiers de votre beau pays en noyant femmes, enfants, vieillards et chômeurs ou autres crève la faim ! Oui. Vous l’avez bien entendu, c’est à cause de vous ! Même Cohn Bendit vous l’a dit, et vous avez été nombreux à voter pour lui ! Et Nicolas Hulot, il vous le dit aussi en vous fourguant ses déodorants et autres produits dérivés ! Même Greenpeace vous le dit dans ses campagnes médiatiques : vous êtes responsables... Vous polluez trop... Coupable ! Coupable ! Oui, coupable, même vous le chômeur aux fins et aux débuts de mois difficiles, même vous qui dormez dans la rue ! Tout est de votre faute ! Tout !

Vive la décroissance !

Et pourtant... Et pourtant, personne ne vous le dit, mais... nous allons vous faire une confidence : tout ce qui arrive à notre pauvre planète, alors bien sur, vous êtes un peu responsable, parce qu’on vous a conditionné, mais le problème, il est ailleurs ! Il est dans la consommation et la croissance !
Hé oui, tout ce qui arrive mais dont personne n’a parlé à Copenhague et pour cause, c’est la faute du flouze, de l’oseille, de l’artiche.. Du fric quoi !

C’est pour cela que Le CITOYEN soutient la décroissance ! Car c’est le seul moyen de sauver la planète. Consommer moins, beaucoup moins.
Aller à l’essentiel en banissant le superflu.

Et si la croissance s’arrête, imaginez ce qui va se passer ! Plus de CAC 40, plus de boursicoteurs qui s’en mettent plein les fouilles, plus de fonds de pension, plus de dividendes à deux chiffres, plus de banquiers qui jouent au Monopoly avec votre argent. Et peut être, plus de délocalisation, le coût de la vie qui diminue, les légumes et le pain au juste prix. Il n’y aura plus aucun intérêt de privatiser le service public. Imaginez ce monde là ! Il est souhaitable, possible si nous décidons de moins consommer ou de consommer plus intelligemment. Et si nous relocalisons l’industrie, l’agriculture... Si le pot de yaourt ne faisait plus que 20 km pour venir dans votre assiette au lieu des 7 600 d’aujourd’hui ! Imaginez, imaginez !
Quand le Dieu de la finance change le carbone en dollars et en euros

Ce n’est ni a Kyoto, ni à Copenhague que les problèmes climatiques et celui, plus crucial encore, de la survie de l’espèce humaine vont trouver une solution à la hauteur des enjeux. Non. Dans ces sommets là, on parle pognon et l’on imagine la meilleure solution de faire du fric avec l’écologie et la peur du lendemain. On appelle cette façon de faire, le capitalisme vert et les écotartufes qui gravitent autour, les All Gorre, Hulot, Arthus Bertrand ne sont que des marionnettes agitées par les grands de ce monde pour effrayer le bon peuple et le culpabiliser afin qu’il accepte les solution que le capitalisme propose. Ces solutions, vous les connaissez : payez ! Payez encore et toujours. Taxe carbone, TIPP, etc. L’imagination est au pouvoir quand il s’agit de plumer le consommateur, le contribuable et les pauvres en général.

Elle l’est tout autant quand il s’agit de faire des cadeaux somptueux à ceux qui polluent le plus ou qui font le plus de bénéfices.

Le coupable de tous nos maux porte le nom de capitalisme, c’est lui qu’il faut combattre et éradiquer et non pas l’homme. Plaçons l’être humain au centre de toutes les préoccupations et nous sauverons la terre et l’humanité.

René Balme
Article publié dans je journal Le CITOYEN N° 33

COPENHAGUE : Une kermesse pour les dupes

Que se passe-t-il à Copenhague ? La situation reste plus bloquée que jamais avec l’intransigeance des grands pollueurs de camper chacun sur sa position attendant peut-être, au dernier moment pour abattre ses cartes. C’est ainsi qu’Obama a décidé de retarder sa venue vers la fin de la conférence comme d’ailleurs Dmitri Medvedev. On observe que la Chine accuse ouvertement les Etats Unis de blocage. Mais peut être que ce n’est qu’une comédie et qu’en tout état de cause le sort de la planète est scellé et ce seront les plus faibles qui paieront une fois de plus pour une pollution qu’ils n’ont pas générée.

Curieusement, à la fois les gouvernements, les dirigeants d’entreprise et la communauté des organisations non gouvernementales (ONG) maintiennent que le programme de la Conférence sur le changement climatique est « l’un des rassemblements les plus significatifs de l’histoire ». C’est le craint-on la montagne qui va accoucher dune souris

« On dit, écrit Michel Chossudovsky, de cette conférence, qu’elle constitue l’accord le plus complexe et le plus crucial que le monde ait jamais vu. » On proclame que les émissions de CO2 sont la seule et la plus importante menace pour le futur de l’humanité. Le point central de la Conférence porte sur des questions strictement environnementales. On ne mentionne pas la « guerre » mondiale - c’est-à-dire la guerre menée par les États-Unis et l’Otan et ses conséquences environnementales désastreuses. On ne mentionne pas la « guerre météorologique » ou les « techniques de modification de l’environnement » (Cnmod), ni la guerre climatique. Dans le débat sur les changements climatiques, on ne fait aucune mention du projet 2025 de l’Armée de l’air étatsunienne intitulé « Owning the Weather » (Posséder la météo), à des fins militaires. (1)

« Malgré un vaste corpus de connaissances scientifiques, écrit Michel Chossudovsky, la question de manipulations climatiques délibérées à des fins militaires ne fait plus partie du programme de l’ONU sur le changement climatique. Elle était cependant à l’ordre du jour au Sommet de Rio en 1992. » (2)

Dans ces conditions, la kermesse de Copenhague ne fait illusion qu’auprès des naifs, nous, l’immense majorité des sans-grade que sont les Africains bernés une fois de plus. Pourtant, la majorité des pays, y compris l’Afrique et les Petits Etats Insulaires- qui risquent de disparaître à l’instar de l’Atlantide- continuent de faire pression sans grand résultat auprès de nos dirigeants politiques pour qu’un tel accord soit adopté. Le WWF a rappelé 10 conditions pour que Copenhague soit un succès : nous citons quelques-unes : les gouvernements doivent se mettre d’accord sur un cadre légalement contraignant contenant un protocole de Kyoto amendé et un nouveau protocole de Copenhague, qui garantisse la survie des différents pays, cultures et écosystèmes, et trace la voie vers une économie sobre en carbone. Les émissions mondiales doivent atteindre leur pic avant 2017 pour contenir le réchauffement. Les pays industrialisés doivent s’engager à réduire leurs émissions de 40% d’ici 2020 par rapport aux niveaux de 1990. La destruction des forêts tropicales doit être réduite de 75% d’ici 2020. - Un cadre pour des actions d’adaptation immédiates doit être mis en place, en particulier pour les pays et écosystèmes vulnérables, comprenant l’accès à l’assurance et aux compensations. - Des financements publics de l’ordre de 160 milliards de $ par an doivent être alloués aux pays en développement pour l’adaptation et la mitigation à travers des sources de financement innovantes.(3)

Il ne faut pas croire que le réchauffement climatique est synonyme de catastrophe pour tout le monde. Comme l’écrit Grégoire Macqueron : « Le réchauffement climatique n’aura pas que des effets négatifs, en particulier pour les pays du Grand Nord. Russie, Canada, Etats-Unis, Norvège et Danemark ont déjà commencé à fourbir leurs stratégies de développement et à faire part de leurs prétentions. (...) A l’heure où les Etats se réunissent à Copenhague pour lutter contre le changement climatique, les nations arctiques comptent bien profiter de ce dégel et des richesses qu’il libère. Alors que certains scientifiques prédisent un pôle Nord libre de glace l’été, en 2050, voire 2030, les Etats arctiques se lancent dans de grandes manoeuvres d’exploration et de cartographie, accompagnées de vaisseaux de guerre. En août 2007, deux bathyscaphes russes ont même planté un drapeau au pôle Nord, à 4261 mètres sous la banquise, tandis qu’en 2009 le Canada annonçait avoir réalisé une cartographie complète des richesses pétrolières, gazières et minières de l’Arctique. L’US Geological Survey estime en effet que l’Arctique recèle 13% des réserves de pétrole et 30% des réserves de gaz naturel non découvertes de la planète. » (...) Autre grand avantage du réchauffement, la libération des glaces des ports du nord, d’habitude inutilisables en hiver, et l’ouverture du passage du nord-ouest. Sans banquise, le trafic maritime peut joindre l’Asie à l’Europe plus rapidement. Les températures plus douces devraient aussi favoriser la croissance végétale et donc l’agriculture dans les plaines de Sibérie et du Canada. Tout ceci s’accompagne cependant de nombreux problèmes comme la déstabilisation des infrastructures et l’érosion des côtes suite à la fonte du pergélisol, le relargage du CO2 et du méthane de ces sols dégelés, la dégradation des écosystèmes arctiques et, plus immédiats, un accroissement des tensions géopolitiques de cette région.

Que deviennent les pays vulnérables ?

A Copenhague, passés les salamalecs et les voeux pieux hypocrites de l’ouverture, les discussions deviennent vives. Ce qui a exacerbé les tensions est un texte publié par The Guardian, montrant ce que le gouvernement danois a déjà préparé... l’accord final. Vivez avec nous les événements de ce festival off, qui témoignent que le sommet de Copenhague est bien un lieu où l’on discute ferme et n’a plus rien d’une réunion policée entre gouvernants. La teneur du texte a fait bondir le G77 (Groupe des pays en développement) et la Chine. Que dit le texte ? : *limiter le réchauffement climatique à maximum 2 degrés Celsius d’ici à 2050. *Les pays en développement devront aussi baisser leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). *Diviser les pays pauvres en créant une nouvelle catégorie, celle des « plus vulnérables ». *Confier le financement de l’aide à un organisme qui pourrait dépendre de la Banque mondiale.(5)

Cette aide des pays riches pourrait être immédiate et s’élever à 10 milliards de dollars par an d’ici à 2012.(5) Que ne dit-il pas ?* Ce qu’il advient du protocole de Kyoto, unique texte contraignant aujourd’hui mais qui n’oblige que les nations industrialisées à réduire leurs émissions de GES. *Riches et pauvres seraient donc contraints aux mêmes mécanismes et aux mêmes objectifs de lutte contre le réchauffement climatique.(5)

Antonio Hill, conseiller de la politique climatique de Oxfam international, souligne « le risque que lorsque les grands pays se rassembleront, les petits seront blessés. Les limitations des émissions doivent être échelonnées pour chacun. Il y a beaucoup trop de lacunes et il ne suggère absolument pas de réduire de 40% les émissions comme le préconise la science ».(5)

La protestation pathétique des représentants africains sera sans lendemain. Ils ont appelé leurs négociateurs, invectives à l’appui, à ne pas se laisser diviser par les propositions danoises. Des délégués africains prennent la parole au sommet de Copenhague. « Mesdames et messieurs, alors que nous nous tenons debout devant vous, c’est le deuxième jour [...] et nos espoirs sont réduits à néant. Nos espoirs sont réduits à néant à cause de motivations malhonnêtes. Oui, nous sommes attristés parce que les négociations sont menacées par des intérêts politiques. Nous sommes ici à Copenhague pour dire aux leaders que tout ceci n’est pas suffisant pour un accord légalement contraignant. » « Nous sommes ici parce que nous ne laisserons pas l’Afrique se diviser comme elle a été divisée dans le passé. (...) Des gens souffrent et leurs vies n’ont pas de prix. Nous ne mourrons pas en silence. 10 milliards ! 10 milliards, ce n’est pas suffisant pour racheter ce que vous avez causé. (...) Mesdames et messieurs, nos négociateurs doivent rester fermes. » (5)

« Alors que la poursuite du réchauffement climatique écrit Mathieu Bédad, pourrait faire peser certains risques sur les pays du Sud, et tout particulièrement les pays pauvres, certaines politiques publiques qui seront étudiées à Copenhague les exposent à des risques bien plus grands. Le développement du Sud serait en effet sacrifié sur l’autel d’un réchauffement climatique d’origine hypothétiquement anthropique (pour des résultats négligeables dans la lutte contre ce réchauffement qui plus est). » (6)

« L’une des mesures négociées au sommet de Copenhague est l’instauration de droits de douane sur le CO2. (...) Pour convaincre les dirigeants des PED d’accepter une politique aussi dévastatrice pour leur croissance et développement, un autre des mécanismes importants est discuté durant ce sommet : les transferts des pays riches vers les pays pauvres. Les droits de douane environnementaux sont annoncés comme complémentaires aux taxes carbone internes et autres permis négociables actuellement en discussion. Ces « droits de douane carbone » (défendus par le président Sarkozy au niveau européen, et débattus au Congrès américain, ainsi qu’en Australie, en ce moment même) seraient mis en place pour ne pas désavantager les pays ayant adopté une taxe carbone. La principale crainte, et c’était l’objet du rapport Keller de juin dernier remis à l’UE, est la fuite des emplois vers des juridictions plus permissives en matière d’émissions carbone. Ce mécanisme devrait être efficace pour... condamner les PED à la pauvreté. Au bas mot, le sort d’environ 4 milliards de personnes dépend du commerce international pour espérer voir leur condition s’améliorer. Ce nouveau protectionnisme les empêchera donc dans une large mesure d’échanger avec les pays (riches) adoptant une taxe carbone aux frontières. Ces pays du Sud subiront donc une isolation économique encore plus grande du fait de ce protectionnisme carbone. Leur industrialisation est ainsi fortement compromise du fait de leur impossibilité d’accéder réellement aux marchés du Nord. Et le protectionnisme agricole européen et américain empêche déjà les PED du Sud d’exploiter leur avantage comparatif agricole. La taxe carbone aux frontières est donc le chemin vers un sous-développement avancé du Sud ».(6)

« Le contre-argument des tenants de Copenhague est ici que le système de compensation permettra à ces pays d’innover en technologies à faible carbone. En effet, pour rallier les pays pauvres, le sommet de Copenhague précisera les bases du système de transferts entre pays riches et pays pauvres pour mitiger les émissions de CO2. C’est ce que vient de détailler par exemple le Plan Justice Climat du ministre Borloo, qui parle de 410 milliards de dollars sur 10 ans, financés par des taxes mondiales (taxe carbone mondiale, taxe Tobin, taxe maritime, taxe sur le baril de pétrole) et par un fonds dédié alimenté par les pays riches. » (6)

On l’aura compris, on demande aux Africains, qui consomment 0,3tep/hab/an contre 4 à 8 tep/an pour les Occidentaux, de consommer moins - fardeau partagé- et d’aller vers les technologies non polluantes alors qu’ils n’ont pas du tout de tissu technologique : 2 Africains sur 3 vivent sans électricité. C’est ça le marché de dupes de la kermesse de Copenhague.

« Il est vrai, comme l’écrit Jacques Julliard, que le combat pour l’écologie ne doit pas dériver vers un fondamentalisme réactionnaire Nous sommes tous aujourd’hui plus ou moins écologistes, comme hier nous étions tous plus ou moins marxistes. L’air du temps nous y pousse autant que la raison. En schématisant, on dira qu’on se trouve ici face à deux pentes différentes et même opposées de la pensée : l’une est fondée sur le droit de l’homme à un environnement naturel de qualité ; la seconde, sur le droit de la nature à être respectée par l’homme. La première s’inscrit dans le droit-fil de la philosophie technicienne occidentale, du judéo-christianisme au marxisme et à l’industrialisme, en passant par Descartes ; la seconde, qui emprunte aux sagesses orientales mais aussi au romantisme allemand - de Fichte à Nietzsche et même à Heidegger -, est une remise en question de l’anthropocentrisme occidental. » « Que dit saint Paul ? « Le monde est à vous, vous êtes au Christ, le Christ est à Dieu. » Le mystère de l’Incarnation débouche ainsi sur une philosophie technicienne. Que dit Marx ? Que la vocation de l’homme est de transformer la nature ».(7)

« La philosophie de l’Homo faber a fait de l’Occident le maître du monde et a servi de modèle aux anciens colonisés eux-mêmes. Qu’est-ce que l’écologie, dans cette perspective ? Un moyen de préserver l’outil de travail et le cadre de vie. A l’inverse, l’écologie fondamentaliste ou deep ecology se refuse à tout céder à l’exception humaine. Elle considère l’homme comme partie intégrante de la nature et ne craint pas de faire son procès chaque fois qu’il se révolte contre sa mère. Elle dénonce « l’espécisme », qui fait de l’homme la valeur unique et ne montre aucun respect envers les espèces inférieures Désormais, l’affrontement entre le donné ?- la nature - et le construit - la culture - est au centre du débat intellectuel et social. Il y a désormais deux écologies : l’une qui s’efforce de concilier la sauvegarde de la nature avec le progrès ; les fondamentalistes de l’écologie développent des tendances proprement religieuses ; ils diffusent un millénarisme catastrophiste et inquisitorial qui transforme le tri sélectif des ordures ménagères en religion de salut. (....)Oui, donc, à l’écologie rationnelle, oui à un nouveau pacte entre l’homme, la nature et l’animal (Michel Serres parle de contrat naturel) ; non à la réintroduction en contrebande d’une philosophie irrationaliste, anti-industrialiste, à relents fascistes. »(7)

Nous sommes d’accord avec cette envolée philosophique sauf que Jacques Julliard ne parle que de ce qui se passe en pays de civilisation au départ, « chrétienne » et devenue par « la force des choses » « judéo-chrétienne ». Que deviennent les autres, tous les damnés de la Terre que le Christ nous demande de soutenir d’aimer et comme nous-mêmes ?A moins que la religion n’est convoqué en Occident qu’en terme d’endiguement des Autres , peu importe si on suit ses principes ou non ? Pourtant Le sort du monde dépend aussi de ces quatre milliards de sans voix mais pas de sans droit, point n’est besoin de recourir à la relgion pour être juste.

1.www.fas.org

2. Michel Chossudovsky : Environmental Warfare and Climate Change, Global Research. 27 novembre 2005 3. WWF : Le Sommet de Copenhague n’est pas mort : les 10 conditions de réussite du sommet

4. Grégoire Macqueron : Sommet de Copenhague : le réchauffement climatique... et ses bienfaits

5. Copenhague en coulisse : le climat se réchauffe à vue d’oeil Le 9 décembre 2009 Source : Durable.com

6. Mathieu Bédard Agoravox : Copenhague et les pauvres. 10 décembre 2009 -

7. Jacques Julliard : Non à la déesse Nature ! Le Nouvel Observateur. 3 décembre 2009

Pr Chems Eddine CHITOUR
EcolePolytechnique enp-edu.dz

http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article4350

vendredi 11 décembre 2009

Let’s stop the racist and discriminatory law:

Let’s stop the racist and discriminatory law:
“PEOPLE TRAFFIC LAW”
Author of this law: Mr. Ernst (HIP HOP) Hirsch Ballin!!!

The Statute law “People Traffic Law”, prepared by the Dutch minister Hirsch Ballin is discriminatory because the law draws a distinction between two types of Dutch;
1st class citizens are the Dutch born in Europe of Dutch parents and 2nd class citizens are all others who have a Dutch passport/nationality but not born in Europe and/or of non-European parents. The 2nd class citizen is being treated as such.
That’s why this law reminds us of the racist and discriminatory law “Apartheid” of South Africa (’50-’70), which was prepared by a European Dutchman as well.

This law was so degrading, that no other country ever tried to translate the name of this law into their own language. Nowadays in the 21st century the Dutch parliament is intending to legalize racism and discrimination by means of the “Statute law People Traffic Law”

A typical element of a Statute law is that only the Dutch Council of Ministers (read Parliament) has the final word, therefore neither Aruba, nor the Antilles (Curacao, Bonaire, Saba, St. Eustatius or St. Maarten), who form The Dutch Kingdom as well have no say in this.

The Statute law will deport Antilleans/Arubans who disturb public order in the Netherlands. What are the exact contents of public order? That’s only to the Dutch government to decide. It may vary from hanging around on the street to not paying a giro form and/or house rent in time.

The purpose of this law as though it is only applicable to Antilleans/Arubans of questionable behavior, is a big lie. To deal with citizens who obstruct the law there are excisting laws like: “The Penal Code” which by the way counts for everybody: European Dutchmen, non-European Dutchmen, Spaniards, English, Portuguese........for everybody. Then why is it necessary to introduce a Statute law to deal explicitly with problematic Antillean/Arubans???



We do not accept racism or discrimination!!!

jeudi 10 décembre 2009

Invitation

Réunion débatsur le mouvement conduit par LKP depuis 10 mois en Guadeloupe
et les autres mouvements dans la Caraïbe

Kolektif 5 fevryé (K5F) en Martinique,
Front pour l’Avenir de la Guyane (FPAG), CIE-H en Haïti

Samedi 12 décembre 2009
à 17h00
87, rue du Faubourg-Saint-Denis, 75010 Paris
Local du Parti Ouvrier Indépendant
(M° Château-d’Eau)

Projection d’un DVD
sur les 44 jours de grève générale
en Guadeloupe

Débat animé par un responsable
de Travayé é Péyizan, membre du LKP,
Jocelyn Lapitre
avec la participation de CLKP

COMMUNIQUE DE LA CIF

Nous rappelons à toute La Communauté ivoirienne de France que la liste électorale provisoire est disponible jusqu’au 23 décembre 2009, en vue du règlement des contentieux, à l’adresse suivante : 24, Boulevard Suchet 75116 Paris,Porte Dauphine : ligne 2. Ensuite, prendre le PC1. Arrêt : Ernest HébertLes bureaux sont ouverts: de 9h à 15h ; du lundi au dimanche Pièces à prévoir Votre numéro de formulaire avec l’un des documents suivants:

- extrait d’acte de naissance
- extrait d’acte de naissance de l’un des parents
- certificat de nationalité
- carte d’électeur de 2000

Pour tout renseignement, veuillez vous adresser
- au secrétariat de LA CIF Chris : 06 64 36 30 15. Steve : 06 03 07 14 82. Lydie : 01 34 92 09 93- à la vice-présidente : 06 99 91 25 84

Information à partager avec toutes les familles, svp.

lundi 7 décembre 2009

Les droits de l’homme valent-ils aussi…pour les professeurs ???

Cher collègue,Vous avez sans doute lu dans le journal Le Monde du dimanche 22 novembre 2009 l’histoire atroce de notre collègue Claudine Lespagnol, professeur d’anglais au Lycée Jean-Lurçat dans le 13ème arrondissement de Paris.Claudine a demandé à ses élèves d’arrêter de téléphoner et d’envoyer des SMS en classe. Elle n’a pas confisqué de téléphone puisque, comme vous le savez, c’est interdit.> > Résultat immédiat, ses élèves ont signé - à la quasi-unanimité de la classe - une lettre au proviseur dans laquelle ils lui « conseillent vivement d'opérer un changement de prof ».> > Certains élèves ont également écrit à Claudine pour lui demander d’arrêter immédiatement de leur faire des remarques au sujet de leur téléphone portable :« Si ce n’est pas le cas et qu’il n’y a aucun effort de changement de votre part, nous n’avons plus que quelques mots à vous dire : allez vous faire enc… »…> > De plus, pour la « punir », ils lui ont volé la clé USB sur laquelle elle a ses cours.> > Vous et moi devons réagir immédiatement.> > Ces agressions ignobles envers notre collègue seraient normalement passibles de poursuites pénales, pour vol et injures, peut-être même pour menaces, si elle était un citoyen normal.> > Mais seulement voilà : Claudine n’est qu’un simple professeur de l’Éducation nationale.> > Dans son cas, les Droits de l’homme semblent ne pas s’appliquer !!> > En effet, elle n’a reçu que très peu de soutien de la hiérarchie.> > Elle aura dû attendre un mois pour qu'enfin l'inspecteur d'académie se déplace. Et encore : il s'est contenté pour le moment d'un simple rappel à l'ordre, sous le faux prétexte que « les punitions collectives » sont interdites par le règlement !!!> > Pourtant, c’est bien les uns après les autres que les élèves ont signé cette pétition et se sont engagés pour demander la tête de leur professeur… > > Et ils vont peut-être obtenir gain de cause : de sources syndicales, il est question de remplacer Claudine par un autre professeur au nom de la « continuité du service public » !!! > > Le proviseur, d'abord en arrêt maladie, lui aurait finalement apporté son soutien.

> > > > > La seule solidarité qu’elle a reçue pour l’instant est celle de ses collègues, qui ont débrayé depuis jeudi 19 novembre..> > JUSQU'À QUAND LES PROFESSEURS VONT-ILS CONTINUER À SE LAISSER MENACER ET HUMILIER ?Ne sommes-nous que des moins que rien ? Des citoyens sans aucun droit, et que des devoirs ?> > N’y aura-t-il personne pour faire la moindre remarque à nos élèves, pour qu’ils arrêtent de nous cracher dessus, et parfois pire encore ?> > C’est pourquoi je vous demande de signer la pétition au ministre de l’Éducation nationale Luc Chatel, en solidarité avec notre collègue Claudine Lespagnol.> > Ce qui se passe là est d’une gravité sans précédent.

Notre collègue doit recevoir notre soutien, il y va de notre dignité.> > Personnellement, si après avoir demandé à mes élèves d’arrêter de jouer avec leur portable en classe, je recevais de leur part un tissu d’insultes aussi violentes, et que la hiérarchie leur donnait raison, je me sentirais humilié, sali, déshonoré, jusqu’au plus profond de moi-même.> > Heureusement, il semble que Claudine soit d’une force morale exceptionnelle, et qu’elle tienne le choc jusqu’à présent.> > Mais ce n’est pas une raison pour la laisser toute seule. C’est pourquoi signer cette pétition de solidarité avec elle est si important. Et j’espère que vous la transmettrez immédiatement à tous les collègues !!Les élèves le savent : circulaire après circulaire, toute la réglementation que le ministère de l’Éducation Nationale a savamment écrite jour après jour, est là pour défendre « l’enfant roi » contre la « tyrannie » de l’enseignant, pour que le professeur n’abuse pas de sa supériorité d’adulte …> > Il faut bien reconnaître que nous-mêmes, nous ne savons parfois plus ce que nous avons le droit de faire. Chaque fois que l’on réprimande un élève, on se demande toujours si on en a bien le droit.> > D’ailleurs, les élèves sont les premiers à vous le faire remarquer : « M’sieur, vous avez pas le droit de faire ça ». Ils vous expliquent ce qui est interdit. Avisez-vous de leur demander de se taire, certains osent vous rétorquer qu’on est en démocratie et que tout le monde a le droit de s’exprimer !> > Et n’oubliez pas que de votre côté ce n’est pas la même chose. Si un élève vous menace, il faut qu’il vous menace deux fois avant que vous ne puissiez faire quelque chose. Les avertissements ? Depuis trois ans, il est interdit de les faire figurer sur le bulletin scolaire.> > Ça rime à quoi ?> > Aujourd’hui, on a ruiné l’autorité des professeurs parce que l’on a considéré que l’autorité c’est l’application d’une procédure.> > Le résultat est tout simplement CATASTROPHIQUE, et ce sont les élèves eux-mêmes qui en sont les victimes également.> > Car si nous ne pouvons plus faire cours, que vont-ils apprendre ? Comment peuvent-ils préparer leur avenir ???> > Notre devoir d’éducateurs est de mettre fin à cette situation ubuesque. Mais pour l’heure, il y a vraiment le feu à la maison et je vous demande de signer la pétition.> > Je vous tiendrai évidemment au courant des résultats et des suites que nous donnerons à cette action, avec tous les membres de l’association SOS Éducation.> > Et surtout, faites passer à tous les COLLEGUES !!!> > Un grand merci,> > > >

« Ce monde n'est plus blanc et ne le sera plus jamais »

Ils brûlent. Avec leurs enfants. Dans des immeubles vétustes et rentables et dans des centres de rétention. Ils succombent. Sous les décombres ou le déluge. Ils périssent par le feu, par le fer ou par les eaux. Leur peau épouse toutes les variations et affiche toutes les nuances, du teint olivâtre des affligés à la mine acariâtre de ceux qui ne croient plus qu'il existe un revers au malheur. Certains disent que ce sont toujours les mêmes qui trinquent. D'autres rétorquent que ce sont toujours les mêmes qui geignent. Les uns affirment qu'il est déraisonnable d'affronter tous les périls pour un mirage de vie meilleure. L'écho répond que ce sont encore les mêmes qui font du tapage sous la fenêtre des honnêtes gens et que si ce n'est eux, c'est donc leurs frères. Le bon sens assure qu'il doit bien y avoir une raison si ce sont les mêmes qui, en tous temps et en tous lieux, endurent la désolation et l'infortune. L'Eglise l'avait conté à une époque, celle de la fumeuse malédiction de Cham. Buffon, se croyant de bonne foi, en avait accusé les affres des contrées tropicales. Gobineau en avait fait une religion, une doctrine et une science. Même Hegel l'avait pensé à haute plume. Le fait est que ce sont toujours les mêmes.

Les Damnés de la Terre. Condamnés à mordre la poussière. Parce qu'ils n'ont rien compris ni au produit national brut ni à l'ordre du monde. Comme s'ils rêvaient à part. Pourtant, ils nous ressemblent. Ils nous ressemblent avec leurs yeux qui luisent d'espoir lorsqu'ils essayent de déjouer l'adversité qui s'acharne à baisser les prix du coton et du café. Ils nous ressemblent avec leurs pieds qui votent bruyamment contre le pillage des bois précieux, des diamants et du pétrole. Ils nous ressemblent avec leur bouche qui se tord pour étrangler les larmes trop promptes à révéler leurs désillusions sur un pays qu'ils prenaient pour le logis, le foyer, l'écrin de la liberté, l'orfèvre de la solidarité, le chamane de la générosité, l'inventeur de l'égalité, le chantre de la fraternité. Ils nous ressemblent avec cette obstination à forger dans les entrailles mêmes du malheur la force d'avancer encore, de saisir ces mains tendues pareilles aux leurs sauf la couleur, de savoir que le danger peut être proche et familier, et l'amitié lointaine et revigorante. Ils ressemblent pourtant aussi à ceux qui, installés dans le confort de l'échange inégal, écrivent sur eux des livres savants et impitoyables.

A la nuance qui distingue l'être éperdu du chacal repu. Ils ressemblent étrangement à ceux qui, le cynisme en bandoulière, jouent leur sort à la bataille navale électorale. La fourberie et les simagrées en moins. Ils ressemblent même à ceux qui, du balcon de la Bourse , dictent au monde son chemin et son rythme. Ils ont la même pugnacité. L'arrogance en moins. L'innocence en plus. Car rien ne ressemble davantage à un homme qu'un autre homme. Rien ne révèle plus un homme qu'un autre homme. Et partout les femmes bataillent contre la scélératesse du hasard et des Pouvoirs. Partout elles courent les chemins de traverse pour dérouter la déveine. Et tous les enfants du monde s'épanouissent mieux à l'école qu'aux champs et à l'usine. Ils ont tous des regards étoilés jusqu'à ce que la cupidité ou l'égoïsme des nantis, des corrompus et des lâches les lâchent entre les griffes des marchands de passage, de sommeil et de chimères. Alors, leur regard devient terne.

Ou se met à briller d'une autre lueur. De rage. Et ceux, toujours les mêmes, qui portaient sans haine le souvenir de leurs ancêtres réduits en esclavage, de leur aïeul indigène ayant construit tant de rails et cultivé tant de plantations en travail forcé, de leur grand-oncle ‘primitif' exhibé à l'Exposition coloniale, de leur grand-père tirailleur cristallisé pour la France éternelle, ceux-là, toujours les mêmes qui sont jetés dans les charters ou le désert, ceux-là, têtus, soucieux de ne pas perdre leur propre humanité, se souviennent que l'homme habite la terre et qu'il la parcourt depuis des âges immémoriaux. Et ils s'entêtent à sourire et à aimer. Et ils marchent. Alors, marchons.

Marchons, nous aussi. Puisque l'indignation est impuissante. Pour récuser la résignation, il nous reste à marcher, rouler, parler, pester, hurler avec les cris sans bruit de nos âmes déchiquetées. Marcher, couvrir comme eux des milliers de kilomètres, mêler nos doigts, nos voix, nos accents et nos chants, repeindre nos rêves ensemble pour scander que le monde nous ressemble et que nous le reprenons en mains.

Christiane Taubira - Députée de Guyane - 1 er Novembre 2005 -

*James Baldwin

dimanche 6 décembre 2009

COMMUNIQUE DES DAMNES DE LA TERRE

Les Damnés de la Terre exige la libération immédiate des quatre manifestants arrêtés lors de la manifestation des chômeurs et précaires de Bretagne.

Une provocation suivie d’une violence hors du commun de la part des sbires du gouvernement ayant pour unique objectif d’intimider pour l’avenir cette masse opprimée.

Les Damnés de la Terre vous mettent en garde, cette main de fer doit être rangée le plus rapidement possible. Ce n’est pas par la brutalité que vous arrêterez la souffrance qui s’abat aujourd’hui sur la majorité du peuple français.

Sans logis, chômeurs, et précaires continueront à manifester pour la défense de leurs intérêts matériels et moraux.

Nous venons d’apprendre que la garde à vue des quatre manifestants a été reconduite de 24 heures. Nous espérons vivement que ce délai ne sera pas dépassé d’une minute.

Les Damnés de la Terre demandent à tous ses membres, camarades et amis de prendre le cas de Rennes très au sérieux. Cette violence a été orchestrée pour effrayer et arrêter les luttes à venir.

Nous devons rester mobilisés à jamais et combattre l’injustice sous toutes ses formes.

Comme disait Fanon : « Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, l’accomplir ou la trahir ».

Nous avons découvert notre mission et nous l’accomplirons contre vents et marées.

es Damnés de la Terre


Ci-joints trois témoignages de ce qui se passe en Bretagne et que les médias ne diffusent pas.

Bonjour,
Je suis très impressionné par la réactivité des personnes présentes à la manif, notamment les organisations politiques qui ont réagit promptement suite aux incidents d'hier. Je n'ai pas dormis de la nuit en pensant aux camarades matraqués et arrêtés.

Lorsque nous sortions de l'immeuble où était prévue, l'AG, j'ai entendu un flic en civil dire à une passante de ne pas restez là de se dépêcher de quitter les lieux...étrange non.

Pour autant, la manif en elle même de mon point de vue était un succès, les marches en générale l'ont été aussi. Forte mobilisation à Brest et Rennes, actions inégalées à Quimper depuis des années, actions également à Morlaix (occupation de la mairie), Lannion et
St-Brieuc, action à venir sur Lorient.

Un succès d'autant plus que nous n'avons jamais eu les faveurs de la presse, et les actions n'ont guère été relayées. Même sur la manif, il n'y a pas grand choses dans les journaux, j'ai regardé France 3 aujourd'hui : rien de rien!!!

A quimper nous nous retrouvons mardi pour la permanence, je pense que c'est le moment de faire le point avec toutes les personnes et toutes les organisations qui ont participé aux mouvements. Je pense qu'il serait opportun de faire un communiqué de presse sur la répression syndicale qui a lieu.

Dans la région, nous avions prévue une réunion pour faire le point sur les marches, et voir comment nous continuons le mouvement. Je pense qu'il serait opportun de la faire à Rennes, et de mettre l'accent sur le soutien aux copains matraqués et arrêté, qui même s'ils ressortent
libres auront surement des démêlés avec la justice. Pour ma part, je suis témoin de ce qui s'est passé à Rennes : provocation policière, manœuvre d'intimidations des forces de l'ordre...les mêmes qu'à Brest Mardi, ou dans une moindre mesure à Quimper Vendredi!!!

Je reste mobilisé, en tant que syndicaliste, militant politique et aussi salarié dans la lutte contre le chômage, les précarités, les licenciements, et ne devrions pas rajouter les répressions sociales et policières. Nous sommes déterminés, la violence n'est pas dans notre camp, mais dans le camp de l'état et des capitalistes.

Je pense qu'actuellement toutes les forces militantes doivent être mises dans la guerre qui s'est installée ici contre le chômage ; c'est la lutte qui réunit toutes les autres:

- contre le chômage bien sur, mais également pour la hausse des salaires et de meilleures conditions de travail,

- les luttes écologiques, pour les transports, les Fluides (ne savons nous pas faire des maisons autonomes?)

- le racisme, l'égalité femmes-hommes, les descriminations

- contre les repressions : sociales, syndicales....
- contre le capitalisme

Thierry Riou, à titre personnel...

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commentaires ...de retour de la Manif du 5 décembre à Rennes

Bonjour à vous,
Voilà je rentre de la manif à Rennes, je pense qu'on était peut-être quand même 400 ...voire 500
...
Selon l'AFPE : "300 à 400 à Rennes, où la police a interpellé quatre manifestants, après des jets de projectiles, les banderoles annonçant que "l'armée de réserve du capitalisme s'insurge" ou réclamant "l'interdiction des licenciements"."

J'ai retrouvé Jean Coat et Jean Rozec , au total, on était 5 de MX, ça fait peu quand même !!! Les Brestois étaient à une vingtaine - venus en covoiturage.
Une manif qui d'emblée démarre sans autorisation de défiler, mais pourtant très paisible
.. Donc, un premier départ sur l'avenue Janvier, bloquée par un impressionnant barrage policier- avec grilles, CRS, Camionnettes et tout un tas d'équipements sophistiqués ... Demi tour, toujours "bien encadrés" ... et toujours déviés de façon à n'être pas trop visibles en centre ville ... Malgré tout nous avons défilés plusieurs heures, avec quelques moments de tensions lors du croisement du défilé techno (y'avait les transes à rennes ...) avec un moment assez hallucinant un barrage de gendarmes mobiles (très très nombreux d'ailleurs) et de l'autre coté les teuffeurs ...(qui nous auraient peut être rejoint ) ???
En continu, tout au long du parcours, une cinquantaine de flics en civil (jeans - cagoules - blousons noirs ou masques ...) toujours efficaces pour rentrer furtivement sur la manif faire une provo à des marcheurs ...
Arrivés près du champs de mars, la salle initialement réservée à la Maison du Champs (au 4 bis) pour l'AG ne pouvait plus nous recevoir (!!!) car - pour une fois - nous étions trop nombreux ... Tractations, hésitations, quelle solution de repli ??? on s'est retrouvé un peu en
stand by ...
Ca a suffi aux flics pour bloquer l'accès et préparer la "riposte" ... Tout d'un coup, les flics en civil ont attaqués très fermement pour nous disperser ...
Malgré le "barrage" que nous avons tenté de faire en nous resserrant et en criant "nous ne voulons pas la violence... Nous sommes pacifistes..." ils nous ont débordé et repoussé très VIOLEMMENT .
Violents coup de matraques, autres appareils pour tapper dans le tas, des gens bousculés (oui
comme les images qu'on voit à la TV ) ... rien n'a manqué !!!
Ils ont réussi à interpeller 5 personnes dont un au moins sur lequel ils se sont bien acharné devant tout le monde...
Partout autour de nous des gens choqués : une fille d'une centaine de personnes attendant pour un concert des Trans et de l'autre coté d'autres gens (intermittents du spectacle, public des Trans) au milieu des manifestants partis dans tous les sens ...
Comme je me suis retrouvée face à cette file d'attente, je leur ai expliqué en gueulant je dois
dire ce qui se passait, et les ai invité à réagir ... Certains ont repris nos slogans mais dès qu'on
essayait de s'interposer les flics recommençaient à nous re menacer et
charger ... Ensuite on retrouvé une partie des manifestants au Rez de Chaussée du champs libres et ils allaient ensuite manger ensemble (sans que je puisse les suivre) mais Brest y allait ...
VOILA d'un coté, je ne veux pas être alarmiste, il me semble important de RAPPELLER à qui on a affaire (moi ca ne me surprend pas ...) Par contre, je pense qu'on doit se créer des modes d'actions, et peut être se former pour apprendre à réagir face à ces situations, en tout cas ne pas se taire !!!
Je pense - surtout - qu'on doit continuer d'exister - de communiquer - de dire "aux gens qui on est" ...
Je n'arrive pas à avoir des propositions concrètes ...mais ne manquons SURTOUT pas
de dire à toutes les personnes que l'on croise que QUAND DES GENS DEFILENT POUR
DENONCER LA PRECARITE - QU'ILS RECLAMENT UN PEU DE
DECENCE ...ON LEUR TAPE
DESSUS !!!

Je ne serais pas à morlaix Lundi soir pour la réunion du collectif ... Mais je vous embrasse ...


Virginie Perrone – Morlaix

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[Collectif brestois contre l'injustice sociale] [Rennes]
Communiqué des copains rennais après la manif régionale du 05 décembre d009

Communiqué du Mcpl Rennes après la manif régionale des chômeurs et précaires le 5
décembre à Rennes

L'assemblée régionale des chômeurs et précaires en lutte, réunie ce soir après la manifestation du 5 décembre dans le cadre des marches régionales, dénonce l'attitude de la préfecture qui a décidé d'interdire une manifestation nationale annoncée depuis plusieurs semaines et dont elle était parfaitement au courant.
Interdits de manifester, les quelque 500 personnes présentes ont alors cherché à rejoindre le centre ville pour se faire entendre; mais les forces de police, en nombre impressionnant, n'ont pas cessé de nous intimider, de nous provoquer, de chercher la confrontation pour justifier des arrestations. Alors que nous cherchions à nous réunir dans une salle qui nous avait été promise dans la maison des associations, nous avons été pris dans un guet apens entre la responsable des lieux qui, sous l'ordre de la mairie de Rennes, nous en a interdit l'accès, et plusieurs dizaines de policiers de la brigade anti criminalité. Ceux ci nous ont alors chargé avec violence, tabassé à la tête (traumatismes crâniens), aspergé de gaz lacrymogène, alors que nous n'avions manifesté aucune agressivité. Ils ont arrêté quatre personnes sous le prétexte aberrant de « jet d'essence » (ce qu'aucun observateur un tant soit peu honnête ne pourra confirmer), et un autre pour une soit disant « violence sur agent », arrêtée en réalité
dans le tumulte du lynchage.


Ces arrestations ne sont pas hasardeuses, elles s'inscrivent dans une démarche qui vise à inspirer un sentiment de terreur et d'impuissance à tous ceux qui entendent résister aux politiques réactionnaires, sécuritaires et libérales actuelles. Cette manifestation fait suite à l'interdiction de la manifestation de soutien aux luttes de l'ouest du 17 octobre à Rennes et à la répression du mouvement lycéen du 1er décembre à Nantes (nombreuses arrestations et blessés). Le gouvernement, pour tuer dans l'œuf les mouvements de résistance actuels, et notamment les luttes de chômeurs et précaires en extension aujourd'hui, est prêt à tout, y compris à suspendre les plus élémentaires libertés publiques: celles de manifester et de se réunir. On retiendra également le blocus policier de la
ville de Brest lors de la récente venue de Fillon, ou encore la fermeture de tous les Pôle Emploi d'une ville, comme à Quimper récemment, à la moindre annonce de rassemblement.

Nous tenons également à ne pas passer sous silence l'attitude particulièrement honteuse de la mairie « socialiste » de Rennes qui prétend soutenir d'une main les chômeurs et de l'autre recourt aux mêmes méthodes policières que le gouvernement (expulsion de la mairie le 27 novembre, salle retirée à la dernière minute à la maison des associations permettant les arrestations par la BAC ).

L'assemblée régionale des chômeurs et précaires lance un appel à amplifier les mouvements de résistance actuels :

Elle appelle à un rassemblement dimanche à 14 h devant le commissariat central de Rennes
(boulevard de la Tour d'Auvergne) pour obtenir la libération des personnes interpellées et l'abandon de toutes les charges retenues contre elles.

Contact: mcpl2008_at_gmail.com

Voir aussi
:

Communiqué "unitaire" d'organisations
politiques
http://www.rennes-info.org/Le-droit-de-manifester-bafoue.html